7 avril 1908 : Amnistie pour les vignerons du Languedoc

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Tableau de Louis Paul représentant les vignerons révoltés du Languedoc et les mutins du 17ème régiment d’infanterie qui acceptent de mettre fin à leur mouvement

La République sait oublier, pardonner. Quand elle est la plus forte, qu’elle ne se sent pas menacée, elle peut être généreuse. Et puis, les électeurs du Midi sont toujours bons à prendre pour le parti radical.

Clemenceau a proposé à la Chambre d’amnistier tous les fauteurs de troubles devenus célèbres au moment de la révolte des vignerons du Languedoc, l’an dernier, en 1907. On se souvient de Marcelin Albert, le cafetier d’Argeliers mais aussi du docteur Ernest Ferroul, le roué maire socialiste de Narbonne.

Il n’y aura pas de procès ; les poursuites – déjà mises en sommeil – sont abandonnées.

Les 500 mutins du 17ème régiment d’infanterie qui avaient soutenu le mouvement sont aussi revenus de leur bataillon disciplinaire à Gafsa en Tunisie. Une bonne part d’entre eux a achevé le service militaire. Il n’y a plus de « mutins la crosse en l’air » mais des civils devenus boulangers, ouvriers ou paysans attentifs à leurs récoltes. 

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Tableau de Louis Paul : Les mutins du 17ème régiment d’infanterie posent les armes

Que reste-t-il de ces émeutes sans précédent de vignerons ?

Celles-ci avaient trouvé leur origine immédiate dans les fraudes sur le vin, insuffisamment réprimées par les pouvoirs publics, selon les dires des manifestants. Une loi du 29 juin 1907 institue donc une surtaxe de 40 francs sur le sucre, oblige à la déclaration et la limitation du sucrage des récoltes et donne le droit pour les syndicats de se porter partie civile dans les affaires de fraude. Une autre loi de juillet 1907 porte sur les déclarations et visas pour le transport des vins et alcools.

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Cette caricature, parue dans la presse en 1907, montre Marcelin Albert défendant le vin naturel

Une amnistie, une loi agricole qui répond de façon rationnelle aux attentes des mécontents et des paroles apaisantes des politiciens : la plaie se referme.

L’amnistie se limitera aux vignerons et à leurs appuis.

Elle ne concernera pas les grévistes – et leurs meneurs – des différentes administrations. Les instituteurs, agents de bureaux des ministères, postiers ou électriciens qui voulaient obtenir le droit de créer un syndicat ou de s’affilier au plus puissant d’entre eux (la CGT) ont été révoqués. Les dirigeants des mouvements de fonctionnaires font toujours l’objet de poursuites judiciaires et certains sont déjà condamnés.

 » Je refuse de livrer le pays à une organisation anonyme de fonctionnaires irresponsables.  » s’exclame Clemenceau à la Chambre pour justifier son refus d’étendre la loi d’oubli à cette catégorie. 

La République ne pardonne pas toujours. Quand elle a peur de ne pas être la plus forte, qu’elle se sent menacée, elle peut être dure.

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