La maternité de l’hôpital Saint-Louis est l’une des premières à se mettre aux normes d’hygiène et d’antisepsie permettant de faire reculer la fièvre puerpérale
Naissance et mort. Jusqu’à la fin du siècle dernier, les deux étaient intimement liées. Les mères mouraient en couche, le nouveau-né peinait à survivre.
Après la Révolution, des établissements ou plutôt une partie des hospices a été réservée aux accouchements. La Maternité a vu le jour.
Les statistiques du XIXème siècle apparaissent effroyables. Par exemple, au mois de juin 1857, sur trente-cinq femmes accouchées à la Maternité, trente et une meurent de fièvre puerpérale.
Entre 1800 et 1815, sur 25 000 accouchées, seules 3 000 environ n’abandonnent pas leur enfant à la naissance !
Les gouvernements successifs se sont émus de cet état des choses et ont demandé une analyse de la situation.
Le verdict a été sans appel. Les conditions d’hygiène à la Maternité étaient déplorables. Les outils chirurgicaux n’étaient pas traités avec de bonnes méthodes antiseptiques. Les femmes étaient placées dans des salles communes mal aérées, mal nettoyées, dans des conditions de promiscuité douteuse. Le personnel n’était souvent pas bien formé et ignorait tout des règles d’hygiène empêchant les contagions.
Statistiques à l’appui, la conclusion implicite était qu’il valait mieux accoucher dans la rue qu’à la Maternité !
Heureusement, en 1908, la situation semble s’améliorer progressivement, au moins à Paris.
A l’hôpital Cochin, un test de nouvelle maternité, associant l’isolement des patientes avec des méthodes de désinfection rigoureuse, a donné de bons résultats. Ce service ne compte plus qu’un décès pour deux cents accouchées.
Clemenceau déplore que seule une cinquantaine d’établissements en France mette en oeuvre ces méthodes.
Nous serions tentés d’imposer des règlements plus sévères – et donc plus coûteux – pour les maternités. Mais nos moyens d’action restent limités. Les municipalités qui financent une bonne part du fonctionnement des établissements, ne sont pas prêtes à se voir imposer de nouvelles dépenses sans aide de la part de l’Etat. Or, l’Etat, sur ce sujet comme sur d’autres, n’a aucun moyen supplémentaire à dégager.
En ce début de siècle, « accoucher » reste et restera, faute de moyens, souvent dangereux.