Je n’imaginais pas jeter quelques mots, au même moment, sur deux hommes aussi différents que Jules Védrines l’aviateur et Clemenceau l’homme d’Etat. L’actualité les réunit pourtant. Le second vient d’être élu triomphalement président de la conférence interalliée sur la Paix et le second s’est posé clandestinement sur le toit des Galeries Fafayette. Les deux événements ne semblent pas avoir grand chose à voir mais je leur trouve quelques points communs.
L’audace d’abord : Clemenceau est un rebelle et seul sa persévérance inouïe, son audace continue, nous ont permis de gagner une guerre difficile où le rapport de force a souvent été contre nous. Védrines, lui non plus, ne renonce jamais. Après des exploits difficiles comme le Paris-Madrid, il brave aujourd’hui les foudres de la préfecture de police (les vols à basse altitude restent interdits sur la capitale depuis 1912) et se pose devant une foule enthousiaste sur le toit d’un grand magasin du boulevard Haussmann !
Le courage ensuite : Clemenceau pourrait se reposer d’un conflit exténuant et prendre enfin une retraite bien méritée. Il préfère continuer à servir son pays et le monde entier pour arriver à une paix juste dans un contexte international (allemand, russe…) qui demeure très incertain. Védrines, mondialement connu, se remet aussi en danger et atterrit victorieusement sur quelques malheureux mètres carrés battus par les vents de travers et cachés par des nappes de brouillard intermittentes.
La vision d’avenir : Védrines est persuadé qu’un jour, tous les parisiens auront un aéroplane et qu’il sera bon qu’ils puissent se poser sur des toits spécialement aménagés. Le Tigre a, lui, bien compris que l’avenir n’est plus au seul langage des fusils et des canons et qu’après avoir gagné la guerre, il nous faut maintenant réussir la paix.
Ah oui, dernier point commun : j’ai la chance de connaître personnellement nos deux héros et ils me font tous les deux rêver !
