26 mai 1910 : George V, roi aimé, roi tatoué

Que doit-on retenir du nouveau roi d’Angleterre, George V ? Au chapitre des anecdotes, notons qu’il a un magnifique tatouage sur le bras réalisé lorsqu’il était officier dans la marine ; il est aussi à la tête d’une impressionnante collection de timbres dont la constitution a été facilitée par les milliers de lettres parvenant à Buckingham. Enfin, on ne peut qu’être frappé par sa ressemblance physique avec son cousin, le tsar Nicolas II.

 

Le duc d’York, futur roi George V, en voyage officiel au Québec et à Montréal 

Le nouveau souverain âgé de 44 ans entend continuer les efforts de son père Edouard VII pour consolider l’Entente cordiale. Il sera aidé en cela par son peu d’attirance pour le monde germanique – même s’il est de la maison des Saxe Cobourg et Gotha – et son aversion pour la personnalité extravagante de Guillaume II.

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George V arrive à un moment clef de la vie du royaume : la rivalité entre le gouvernement et la Chambre des Lords devra être arbitrée et le premier ministre Asquith aura besoin de l’appui du souverain pour pouvoir conduire sa politique et faire voter ses budgets. La crise en Irlande demandera aussi beaucoup d’attention et chaque faux pas pourrait mettre en difficulté l’exécutif qui peine à maintenir la paix entre catholiques et protestants.

L’opinion anglaise note aussi que le roi affiche un plus grand sérieux que son père qui était réputé coureur de jupons et amateur des mille plaisirs de la vie. C’est un bon père et il prend à cœur l’éducation de ses six enfants. Amoureux de sa femme, la reine Mary, il lui écrit chaque jour lorsqu’ils sont séparés. Le roi, associé par Edouard VII à la marche des affaires depuis 1901, s’efforce surtout d’être un dirigeant irréprochable et étudie avec soin les documents transmis par le premier ministre qu’il s’efforce déjà de conseiller et de soutenir au mieux.

Inutile de dire qu’avec toutes ces qualités, la cote d’amour de George V ne cesse de croître au Royaume-Uni… et dans notre France très républicaine où la nostalgie des têtes couronnées semble renaître.

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15 mars 1909 : Ce roi qui aime la France

Les Français aiment les têtes couronnées et ne les tranchent qu’en dernier recours. Notre troisième République fatiguée de querelles parlementaires sans grandeur, des misérables combats de territoires entre chefs de bureaux et d’une finance décérébrée, se tourne volontiers vers les souverains étrangers, surtout quand ceux-ci savent la prendre, la faire rêver et lui parler avec douceur.

Edouard VII, rejeton réputé sous-doué d’une austère reine Victoria toute puissante, qui a attendu l’âge de 60 ans pour régner après avoir été rabaissé toute sa vie par les méprisantes sphères dirigeantes britanniques, est devenu la coqueluche des Français.

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Edouard VII, surnommé au choix Tum-Tum, Gros-Bide ou Berthie aime passionnément la France qui le lui rend bien…

Ah, le bon roi, devenu obèse, surnommé « gros bide », nous connaît bien ! Nos vins, nos cabarets, nos femmes galantes, nos théâtres, nos parties de chasse… plusieurs fois par an, depuis longtemps, il vient rire et s’encanailler à Paris ou en province, un gros cigare au bec, loin de la vertueuse Angleterre puritaine et sans doute un peu hypocrite.

Après l’incident grave de Fachoda, il a travaillé à donner une meilleure image de son pays à nos compatriotes. Lors d’un voyage remarqué dans la capitale en 1903, il a rendu un hommage appuyé à une comédienne aimée du grand public  et, grâce à une bonté et une chaleur communicative, a fait progressivement la conquête de foules qui l’avaient accueilli au départ avec des cris comme « vive Jeanne d’Arc ».

Edouard VII demeure le vrai père de l’Entente cordiale, celui qui a vengé sa femme danoise outrée de voir son pays croqué partiellement par la famille de son brutal neveu, le Kaiser Guillaume II.

Il vient nous rendre visite incognito à Paris à partir de demain. Cinq policiers en civil de la Sûreté, auxquels je viens de remettre leur ordre de mission, avec quelques recommandations, assureront une surveillance prévenante et discrète de tous ses déplacements.

La République protège le roi.

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Edouard VII passe en revue ses Highlanders

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