8 novembre 1907: Renoir; en finir avec les nus hypocrites et fades

Nous vivons une drôle d’époque en matière artistique. Depuis que ce ne sont plus les rois et les princes qui soutiennent les peintres mais les lois du marché de l’art, tout devient possible. Tous les styles se côtoient, tous les talents se mélangent. Les génies se cachent derrière un nombre important d’élèves appliqués.

L’art académique continue à plaire à beaucoup. Dans les différents salons, les bourgeois viennent se rincer l’oeil et regarder des toiles leur offrant les fantasmes qu’ils ne peuvent trouver chez eux… et qu’ils n’osent même pas s’avouer.

On reste fasciné par des civilisations lointaines (le monde ottoman par exemple) que le grand public connaît mal (tout le monde ne peut lire comme moi les notes venant des ambassades) et où l’on peut donc travestir la réalité au profit de légendes.

Cette toile de Jean-Léon Gérôme (Le Marché aux Esclaves) qui date d’il y a vingt cinq ans continue à plaire:

Jean-Léon Gérôme 001.jpg

 Pour la représentation des nus féminins, il est attristant de voir que peu de choses ont changées entre cette toile d’Alexandre Cabanel qui date de 1880:

…et cette oeuvre de Carolus Duran, peinte il y a juste cinq ou six ans:

Carolos-Duran Danae.jpg

Pour ces deux tableaux, la chair reste, il faut le dire, bien triste. On remarque juste que pour continuer à épater le bourgeois, la pose du second tableau se révèle beaucoup plus audacieuse. On passe ainsi d’une femme nue « au mal de tête de lendemain de beuverie » à l’abandon d’une seconde nymphe en une pose improbable voire franchement inconfortable…à moins que tout cela se fasse sous l’empire de l’opium.

Dans les deux tableaux, à la technique pourtant irréprochable, la peau reste blanche, le sang (la vie?) semble avoir abandonné nos deux dormeuses. Aucun amant vigoureux, souriant au bonheur, n’aura envie de toucher ces peaux que l’on imagine glacées.

Heureusement, Pierre-Auguste Renoir, amoureux des femmes, fasciné par toute la gamme chromatique et fin observateur de la réalité, nous propose des nus plus appétissants, tellement plus sensuels et pourtant pas si éloignés d’une réalité que l’on souhaite à tous.

La baigneuse endormie, (1897)

Ah, cette « Baigneuse Endormie »! Sa peau fruitée, ses formes naturelles que Renoir n’enjolive pas mais met en valeur avec grâce…A qui sourit-elle? Quel discours enflammé d’un canotier la tire petit à petit du sommeil pour un  abandon grandissant au désir ? Ce linge blanc pudique, pur et un peu dérisoire, petit à petit recouvert par un rouge aphrodisiaque des lèvres, de la chevelure et du corps…

Le génie je vous dis, le génie…

7 novembre 1907: Les bijoux de l’Art Nouveau

Le coq 

Mon épouse me le répète souvent: Il n’y a pas que la peinture dans l’Art. J’ai suivi ses pas aujourd’hui. Direction Place Vendôme. Tout est cher, trop cher pour nous. Mais quel plaisir des yeux.

René Lalique a définitivement pris son envol depuis le succès qu’il a remporté à l’Exposition Universelle de 1900. On vient voir ses oeuvres sans passer par la boutique du regretté Samuel Bing  » La Maison de l’Art Nouveau ».

Il expose et vend ses oeuvres taillées dans des matières peu courantes en matière de joaillerie comme le verre ou le cuir.

Le résultat est un modèle d’équilibre et de pureté des lignes. Nous sommes dans des ornements infinis reproduisant les beautés de la faune et de la flore.

Les coqs et les paons merveilleux s’inclinent devant les bijoux que porteront les belles de Paris.

Les flacons de parfums richement décorés laissent s’installer une ambiance féminine et délicieusement frivole.

Je suis sous le charme.

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