26 novembre 1907 : Les Poincaré, quelle famille !

 Poincare.jpg Henri Poincaré

Dîner en ville hier soir sans mon patron.

Ce dernier me charge de maintenir des liens – directs ou indirects – avec Raymond Poincaré. Il va de soi que j’occupe un poste trop modeste pour rencontrer seul le célèbre sénateur.

Je m’acquitte donc de ma mission en déjeunant régulièrement avec Lucien Poincaré, fonctionnaire comme moi et frère de Raymond.

Lucien (nous nous tutoyons) prend très à coeur ses fonctions d’inspecteur de l’instruction publique. Nous avons souvent de longs échanges de fin de repas sur ce qu’est l’école et surtout ce qu’elle devrait être.

Hier soir, la conversation a été plus scientifique et pour cause : Lucien m’a présenté son cousin Henri, mathématicien réputé.

J’avoue ne pas avoir tout compris, loin de là, les échanges. Il m’a semblé qu’on évoquait la relation entre l’espace, le temps, la masse des objets et leur vitesse de déplacement.

Mes interlocuteurs ont commenté les thèses d’un physicien allemand vivant en Suisse, à Berne, du nom d’Albert Einstein.

Les convives faisaient un vrai effort pour vulgariser et me permettre de suivre. Je n’ai finalement retenu que le  » temps «  ne semble pas être une donnée aussi immuable qu’il n’y paraît. En effet, des corps se déplaçant à des vitesses très différentes (l’un lentement, l’autre à une vitesse proche de celle de la lumière) ne vieillissent pas de façon identique. Le temps et l’espace se contractent. Et celui qui va le plus vite, reste le plus jeune… ou quelque chose comme cela.

A un moment de la soirée, j’ai complètement décroché. Pendant que Lucien et Henri écrivaient de longues équations sur un carnet, je réfléchissais aux liens que l’on pouvait faire entre ce que j’entendais ce soir et des théories d’autres domaines scientifiques.

Copernic nous a montré, il y a longtemps déjà, que notre Terre n’était pas au centre du monde. Darwin nous a replacé, nous les hommes, dans une chaîne d’évolution des espèces, à une place modeste. Le docteur Freud nous rappelle que notre conscience n’est que le reflet d’un ensemble inconscient plus vaste que nous maîtrisons mal. Et maintenant les mathématiciens démontent les notions d’espace et de temps !

Ces savants me donnent le tournis. Plus rien n’est sûr, tout est relatif.

Quand je suis sorti du restaurant, l’air frais du Paris de fin novembre, les bruits de circulation des derniers fiacres et omnibus m’ont fait du bien. Le retour au réel et aux choses simples du monde de tous les jours …

Mon patron peine souvent à comprendre les positions politiques de Raymond Poincaré. Je lui expliquerai qu’en fait, c’est toute sa famille qui manie des idées peu accessibles pour le commun des mortels !

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