4 janvier 1908 : Gare aux bacilles !

Dîner avec des savants de l’Institut Pasteur.

Le ministre a tenu à rencontrer personnellement Alphonse Laveran, prix Nobel de médecine 1907. Il m’avait donc demandé d’organiser un dîner en ville avec « ceux qui comptent dans cette prestigieuse maison » dont fait parti ce chercheur de 63 ans.

Laveran 1845-1922.jpg Alphonse Laveran

G. Clemenceau, lui-même médecin, s’est révélé particulièrement à l’aise au milieu des scientifiques invités.

Nous avons parlé des maladies dont on vient d’identifier la cause comme la malaria (due à un parasite protozoaire), la tuberculose (bacille de Koch) et de toutes les maladies (malheureusement les plus nombreuses) dont on continue à presque tout ignorer (comme le cancer).

Hypocondriaque de nature, inculte dans les domaines scientifiques, j’avoue que l’étalage de ces maladies, de leurs causes (souvent répugnantes), de leurs conséquences (forcément dramatiques) et des façons de s’en protéger (toujours contraignantes), m’a coupé l’appétit.

Horrifié, le teint pâle, j’imaginais mon assiette pleine de bactéries, mon verre rempli de microbes diaboliques et mes couverts souillés par on ne sait quelles mains sales de serveurs sans gant.

Mon voisin, le docteur Ilya Ilitch Metchnikov a su me rassurer. Avec son fort accent russe, son regard bienveillant, il m’a expliqué que mon corps contenait un système de défense naturelle, les « macrophages » qui pouvaient lutter spontanément contre les microbes susceptibles de l’attaquer (phagocytose).

Passionné par son sujet et s’exprimant simplement, il m’a même démontré que les bactéries n’étaient pas si dangereuses que cela. « Les fromages en contiennent beaucoup, sans risque pour l’organisme » m’a-t’il affirmé. Ces bactéries, selon lui, prolongeraient même la vie.

Il m’a cité l’exemple des vieux du Caucase qui atteignent des âges remarquables grâce à un consommation effrénée d’une sorte de … lait caillé, préparation appelée en Bulgarie, « yaourt ».

Ah ! J’étais soulagé; tout pouvait donc se régler avec les petits pots en verre plein de bon lait caillé de notre enfance. Foin de médicaments, de traitements compliqués, d’examens médicaux douloureux … Juste un peu de liquide blanc laiteux et nous pouvions envisager une longue vie avec des digestions faciles, un sentiment de bien-être et un sans aucun doute, un sommeil de bébé !

Ce bon docteur Metchnikov, voilà un scientifique comme je les aime.

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Le docteur Metchnikov, par Nadar

Bilan d’une riche année 1907

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La Triple Entente entre la Russie, l’Angleterre et la France, illustration de la presse russe

Pour faire un bilan de cette année 1907, quatre termes viennent à l’esprit:

tensions, apaisement, puissance retrouvée, et modernisation. 

« Tensions et apaisements »

Deux mots contradictoires pour qualifier cette année 1907 qui vient de s’écouler.

– Tensions au Maroc et sur la frontière algérienne. La France est poussée à intervenir de plus en plus dans cette région : les attaques contre nos troupes ou nos ressortissants, conduisent le gouvernement à envoyer des colonnes de renfort pour sécuriser des zones de plus en plus importantes de territoire marocain. Cela se fait sous le regard plus ou moins bienveillant du reste de l’Europe. L’Angleterre et l’Espagne ont obtenu des contreparties aux engagements français. L’Allemagne, en revanche, peine à accepter cette situation et le fait régulièrement savoir. Nous sommes toujours au bord d’un incident avec ce pays au sujet du Maroc. Cela n’est pas sain pour la paix entre les nations. 1908 devra être un année de pacification de la situation. Des actions militaires bien ciblées et une activité diplomatique intense devraient éviter à notre pays d’être engagé dans une aventure dangereuse.

– Tensions dans le monde du travail. Les ouvriers, les vignerons, les électriciens, les garçons de café…chacun revendique, exige plus des patrons et du gouvernement. Les heurts sont fréquents et G. Clemenceau n’hésite pas à faire donner la troupe. Celle-ci peut être amenée à tirer et on déplore dès lors des victimes…sources de nouvelles tensions. La création récente du ministère du travail devrait contribuer à faire baisser l’intensité de ces conflits en rendant l’Etat arbitre et protecteur des faibles au lieu d’être seulement celui qui ramène le calme avec le sabre.

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Depuis 15 ans, les grèves sont de plus en plus dures. On redoute une grève dans les transports de l’ampleur de celle de 1891

 « Apaisement «  dans les relations internationales et en France.

– Le spectre d’une révolution russe s’éloigne quelque peu après les graves événements de 1905. Stolypine a pris les choses en mains et semble vouloir s’attaquer au problème agraire de son pays. Il est grand temps et il n’a pas le droit à l’échec.

– Le système des alliances entre la Russie, la France et l’Angleterre protège notre pays de l’isolement par rapport à la puissante Allemagne. Il décourage la mise en cause, par la force, de nos intérêts et oblige les puissances à trouver des solutions diplomatiques. Attention, ces alliances ne sont valables que si les membres savent agir avec discernement dans leur politique extérieure. Sinon, les erreurs de l’un conduisent les autres dans la même direction. La France devra être vigilante par rapport aux Anglais ou aux Russes qui peuvent être tentés d’accroître leur puissance impériale sans souci des équilibres européens.

– Apaisement des tensions religieuses en France. Il est toujours aussi difficile d’inviter à un même dîner des catholiques intransigeants et des laïcs cachant difficilement leurs penchants anticléricaux ! Pour autant, G. Clemenceau a su mettre un terme aux inventaires des biens de l’Eglise sans renoncer à défendre la séparation stricte d’avec l’Etat. On déplore moins d’affrontements publics entre catholiques et représentants de l’ordre républicain que les années passées. La presse catholique continue à crier « au scandale » (voire le journal « La Croix ») mais n’est plus suivie par la foule des fidèles, rassurée par les intentions pacifiques des pouvoirs publics.

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L’église de France retouve une certaine sérénité face à un gouvernement apaisant. L’église Saint Aspais de Melun

L’autre mot clef de cette année est « puissance retrouvée« .

Les deux prix Nobel attribués au diplomate Louis Renault pour son action à la conférence de La Haye (prix Nobel de la Paix) et au docteur Alphonse Laveran, bactériologiste à l’institut Pasteur et spécialiste du paludisme (prix Nobel de médecine), montrent, s’il en était besoin, que notre pays reste à la pointe des avancées scientifiques. Nous avons sans doute les meilleurs médecins, les meilleurs biologistes et physiciens du monde.

Louis Renault jurist.gif Le juriste Louis Renault, prix Nobel de la paix

Après le conflit de 1870, la France a su se redresser. Elle rattrape l’Angleterre d’un point de vue économique, elle s’investit dans des secteurs d’avenir comme l’automobile. Cela profite à tous et contribuera, nous l’espérons, à l’apaisement des tensions sociales citées plus haut.

La France est aussi une puissance écoutée, respectée. Elle traite clairement d’égale à égale avec l’Angleterre, l’Allemagne ou la Russie.

Sa population ne progresse plus à la même vitesse qu’au début du siècle dernier. L’Allemagne est beaucoup plus dynamique de ce point de vue. D’autres pays émergent et pourraient devenir les grandes puissances de demain, au détriment de la France : la Russie aux mille ressources naturelles et aux territoires immenses, bien entendu, mais aussi et surtout, les Etats Unis, dont la puissance industrielle et financière n’a pas fini, je pense, de nous étonner.

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Les Etats Unis, puissance montante… Un « building » à Boston

La France ne survivra face à ces « empires montants » qu’avec des colonies multiples, à la population nombreuse. Il faut saluer ici les Français qui se battent loin de leurs foyers pour planter dans les endroits les plus reculés de la planète, le drapeau tricolore républicain. Quand ces Français respectent les habitants de ces régions dans leurs droits et leurs traditions, cela honore la Civilisation.

« Modernisation » sera le quatrième mot clef

Modernisation en cours de notre Police qui se dote de brigades mobiles (le décret a été signé aujourd’hui) mieux à même de lutter contre une criminalité qui se joue des limites départementales, situation dénoncée par la presse et crainte par une population qui attend plus de protection de la part de l’Etat.

Modernisation de notre fiscalité qui se dotera peut-être l’an prochain de l’impôt sur le revenu. Pour l’instant repoussé par la Chambre, ce projet apparaîtra un jour, nous l’espérons, comme porteur de plus de justice dans la répartition du fardeau du financement de l’Etat.

Modernisation sociale avec les projets sur la généralisation des pensions de retraite qui doivent vite sortir des cartons si la France ne veut pas être la lanterne rouge des puissances européennes dans la domaine social.

En conclusion, notre puissance française retrouvée ne tiendra qu’avec une volonté sans faille de progrès législatif. Le gouvernement Clemenceau doit « durer » (si les parlementaires pouvaient l’aider dans sa tâche !) et continuer son action de réforme.

Quelques dates clef que nous retiendrons de cette année :

2 janvier : Loi sur l’exercice du culte. Permet de trancher l’attribution des biens de l’Eglise. Elle est mise en oeuvre avec un esprit d’apaisement par la gouvernement.

 7 février : Joseph caillaux, ministre des finances, dépose pour la première fois son projet de loi instaurant l’impôt sur le revenu. Projet repoussé par la Chambre plusieurs fois pendant l’année.

8 mars : Grève des électriciens de Paris. Le gouvernement fait appel aux soldats du Génie pour les remplacer.

19/20 mars :Occupation de Oujda, au Maroc, par Lyautey, après l’assassinat, à Marrakech, du directeur du dispensaire français.

28 mars : Loi assimilant les réunions cultuelles aux réunions publiques. Ce texte permet de garantir, de fait, la liberté des cultes.

9/10 juin : le mouvement des vignerons dans le Midi tourne à l’insurrection. Le gouvernement aura une action très ferme en envoyant la troupe et en arrêtant des meneurs.

15 juin au 18 octobre : 2ème conférence de La Haye dirigée par Théodore Roosevelt. Les conventions internationales sont révisées pour favoriser les solutions diplomatiques dans la résolutions des conflits inter-étatiques.

28 juillet : Les chaussonniers, en grève, de l’usine Amos sont « bousculés » par la troupe : 2 morts, près de trente blessés.

31 août : accord anglo-russe sur la Perse; ce dernier accord confirme la « Triple Entente » anglo-franco-russe.

29 septembre : inondations catastrophiques dans l’Hérault et dans le Gard

1er octobre : ouverture du Salon d’Automne qui reconnaît, enfin, le talent de Cézanne

12 novembre : le parlement approuve par 464 voix contre 54 la politique marocaine du gouvernement

10 décembre : Alphonse Laveran et Louis Renault, deux Français, reçoivent respectivement le prix Nobel de médecine et le prix Nobel de la Paix

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« Travailler moins, gagner autant » , un slogan qui a de l’avenir ?

26 novembre 1907 : Les Poincaré, quelle famille !

 Poincare.jpg Henri Poincaré

Dîner en ville hier soir sans mon patron.

Ce dernier me charge de maintenir des liens – directs ou indirects – avec Raymond Poincaré. Il va de soi que j’occupe un poste trop modeste pour rencontrer seul le célèbre sénateur.

Je m’acquitte donc de ma mission en déjeunant régulièrement avec Lucien Poincaré, fonctionnaire comme moi et frère de Raymond.

Lucien (nous nous tutoyons) prend très à coeur ses fonctions d’inspecteur de l’instruction publique. Nous avons souvent de longs échanges de fin de repas sur ce qu’est l’école et surtout ce qu’elle devrait être.

Hier soir, la conversation a été plus scientifique et pour cause : Lucien m’a présenté son cousin Henri, mathématicien réputé.

J’avoue ne pas avoir tout compris, loin de là, les échanges. Il m’a semblé qu’on évoquait la relation entre l’espace, le temps, la masse des objets et leur vitesse de déplacement.

Mes interlocuteurs ont commenté les thèses d’un physicien allemand vivant en Suisse, à Berne, du nom d’Albert Einstein.

Les convives faisaient un vrai effort pour vulgariser et me permettre de suivre. Je n’ai finalement retenu que le  » temps «  ne semble pas être une donnée aussi immuable qu’il n’y paraît. En effet, des corps se déplaçant à des vitesses très différentes (l’un lentement, l’autre à une vitesse proche de celle de la lumière) ne vieillissent pas de façon identique. Le temps et l’espace se contractent. Et celui qui va le plus vite, reste le plus jeune… ou quelque chose comme cela.

A un moment de la soirée, j’ai complètement décroché. Pendant que Lucien et Henri écrivaient de longues équations sur un carnet, je réfléchissais aux liens que l’on pouvait faire entre ce que j’entendais ce soir et des théories d’autres domaines scientifiques.

Copernic nous a montré, il y a longtemps déjà, que notre Terre n’était pas au centre du monde. Darwin nous a replacé, nous les hommes, dans une chaîne d’évolution des espèces, à une place modeste. Le docteur Freud nous rappelle que notre conscience n’est que le reflet d’un ensemble inconscient plus vaste que nous maîtrisons mal. Et maintenant les mathématiciens démontent les notions d’espace et de temps !

Ces savants me donnent le tournis. Plus rien n’est sûr, tout est relatif.

Quand je suis sorti du restaurant, l’air frais du Paris de fin novembre, les bruits de circulation des derniers fiacres et omnibus m’ont fait du bien. Le retour au réel et aux choses simples du monde de tous les jours …

Mon patron peine souvent à comprendre les positions politiques de Raymond Poincaré. Je lui expliquerai qu’en fait, c’est toute sa famille qui manie des idées peu accessibles pour le commun des mortels !

24 novembre 1907: Pie X et la modernité

 Popepiusx.jpg Le pape Pie X

N’allant pas à la messe, aimant penser en toute liberté, je ne fais pas parti a priori de ceux qui soutiennent notre nouveau pape Pie X.

Les attaques dont fait l’objet le prêtre français Alfred Loisy, de la part du Vatican, m’inquiètent. Dans l’encyclique  » Pascendi Dominici « , le pape met en cause avec vigueur ceux qui défendent les thèses modernistes, comme le père Loisy. Le souverain pontife réfute la distinction entre le Christ de la Foi et le Christ historique. Il condamne ceux qui pensent que Jésus n’a pas voulu fonder une Eglise ou instituer des sacrements.

Il est dommage que les analyses ne puissent pas s’exprimer plus librement au sein de l’église catholique romaine. Idéalement, il faudrait que puissent cohabiter ceux qui pensent comme le Pape et ceux rejoignent les options d’Alfred Loisy, sans que les uns obligent les autres à se soumettre.

Notre monde qui bouge très vite a besoin de ceux qui réfléchissent très librement et s’affranchissent des dogmes. Il a aussi besoin de repères immobiles et de quelques certitudes rassurantes. Pourquoi devoir faire un choix entre une messe en latin dont l’impeccable ordonnancement ne bouge pas depuis des dizaines d’années et des écrits « révolutionnaires  » qui proposent de changer le monde ? 

On dit que le pape, sans véritable expérience internationale, suit son très jeune secrétaire d’état, brillant et polyglotte, Rafael Merry del Val. Ce dernier se révèle comme un homme très conservateur. Certains milieux radicaux prétendent qu’il déteste la France et les Français ; ce qui est sans doute exagéré et simpliste.

Les deux hommes se rejoignent pourtant dans un même profond refus de la loi française de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Ils font tout pour qu’elle ne puisse porter ses fruits, notamment en refusant la formation d’associations cultuelles.

Je regrette beaucoup Léon XIII, disparu il y a quatre ans maintenant. Il avait su porter un regard critique sur notre capitalisme et défendre la classe ouvrière dans son encyclique « Rerum Novarum « .

S’il était toujours notre pape, je serais peut-être retourné à la messe !

10 novembre 1907: Freud; des rêves qui en disent long sur nous?

Sigmund freud um 1905.jpg Le docteur Sigmund Freud

Lors d’une rencontre avec Wielfried K…attaché de l’ambassade d’Allemagne, celui-ci m’a prêté un livre en allemand « Die Traumdeutung », paru il y a six ou sept ans, écrit par un médecin viennois, le docteur Sigmund Freud.

Ce livre dont je ne connais pas de traduction française (je suis heureusement doué en langues), porte sur l’interprétation des rêves.

La thèse développée s’éloigne beaucoup de ce que l’on a l’habitude lire sur le sujet.

Si j’ai bien compris, les rêves nous révèlent une partie secrète de nous-même, dont nous n’avons pas conscience.

Par exemple, une femme rêve, de manière incompréhensible a priori, qu’elle n’arrive pas à préparer un repas faute de victuailles (les magasins sont fermés, il est dimanche; le téléphone est en dérangement et on ne peut donc se faire livrer…).

Si on l’interroge au réveil, on découvre qu’elle doit, en fait, régulièrement préparer des soupers pour une amie…dont son mari dit beaucoup (trop) de bien.

Dans ses songes, elle renonce donc à donner des dîners…

…qui provoquent, dans le monde réel, autant de rencontres entre cette « amie » et son époux. 

Le docteur Freud, qui semble être de plus en connu (et contesté) à Vienne, propose d’interpréter tous les rêves comme le résultat de l’action de l’inconscient, cette partie de notre cerveau qui fonctionne sans volonté de notre part.

Ce qui se passe dans cet inconscient (j’espère que je traduis bien le terme allemand) est guidé par des désirs, assez souvent d’origine sexuelle.

Or ces désirs ne peuvent s’exprimer dans le monde réel, en état de veille, car ils se révèlent peu conformes aux règles de vie sociale. Si ces désirs s’exprimaient le jour ou de façon trop claire dans nos rêves, il généreraient de la culpabilité ou de l’angoisse.

Ils s’expriment donc la nuit, dans nos songes et prennent, sous l’effet du contrôle qu’exerce malgré tout notre morale, une forme masquée les rendant acceptables.

Tout le talent du docteur Freud est de révéler le sens de ce qui est produit par les rêves et caché dans l’inconscient, comme on déchiffre une langue étrangère.

Ce travail sert à soigner, à Vienne, des patients malades des nerfs: Ils parlent au docteur, exposent leurs rêves, apprennent à en découvrir le sens…et leur état mental s’améliore.

J’avoue être séduit et dérouté à la fois par ce que je viens de lire.

Quelles preuves ce médecin peut-il avancer de ce qu’il écrit? Le poids qu’il donne à nos désirs sexuels n’est-il pas excessif? L’inconscient nous dirige-t’il à ce point à notre insu?

Quelle liberté réelle avons-nous, comme hommes « doués de raison », si ces thèses sont exactes?

15 octobre 1907: Il faut que je lise BERGSON!

 Henri Bergson

Certains collègues ou chefs ne cessent de me parler de ce professeur au collège de France qu’est Henri Bergson.

Son livre le plus récent, « L’Evolution Créatrice », a fait grand bruit dans le petit monde de ceux qui s’intéressent à la philosophie.

Dans un langage clair, il donne des armes à ceux qui se plaignent d’une époque où seule la science, le progrès technique comptent. Il explique que notre esprit n’est pas que matière mais aussi et surtout « élan vital ». Nos actes, notre personnalité ne sont pas le produit d’un déterminisme qui nous échappe mais d’une conscience et d’une liberté créatrice qui nous appartient.

Les scientifiques purs se trompent aussi en jugeant que des données comme le « temps » sont mesurables et uniformes. Chacun sait pourtant que l’impression de durée varie plus ou moins longuement en fonction de la joie ou de l’ennui que nous pouvons ressentir pendant l’instant que nous cherchons à mesurer. Il y une durée psychologique qui est celle que ma conscience éprouve. Cette durée, les savants sont impuissants à la mesurer..alors que chaque être humain peut la ressentir, la vivre.

La science a donc clairement des limites.

Ceux qui ont rencontré le professeur reviennent fascinés par son intelligence lumineuse, sa façon de parler littéraire et précise. Dans une France où l’on peine à voir Dieu autrement que comme une « tradition », il évoque les saints et les héros qui inventent des valeurs nouvelles, dans un amour des autres sans limites.

Dans ce monde de souffrance (le monde ouvrier…), de progrès technique qui ne profite pas à tous; dans ce monde menacé par la guerre…tout cela est rafraîchissant.

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