4 septembre 1909 : Le chancelier allemand fait-il le poids ?

 » Il ne fera pas le poids !  » L’avis de ce collègue du Quai d’Orsay est tranché, le jugement sans appel. Le nouveau chancelier allemand Bethmann-Hollweg n’arrive pas à convaincre ce fonctionnaire spécialiste des relations avec l’Allemagne.  » Von Büllow, son prédécesseur, n’avait plus la confiance de l’Empereur. Le changement devait se faire mais nous perdons au change. Regardez cet homme : trop grand, trop lourd, emprunté, on dirait qu’il doute en permanence !  »

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Theobald von Bethmann-Hollweg, le nouveau chancelier allemand

L’avis de Jules Cambon, notre ambassadeur à Berlin, se révèle plus nuancé : « Bethmann Hollweg n’a sans doute pas la capacité de décision rapide qu’avait son prédécesseur mais il est aussi cultivé et même plus philosophe que lui. Il n’a pas accepté ses nouvelles fonctions avec enthousiasme et se montre avant tout comme un homme de devoir. Il examine bien chaque dossier sous tout ses aspects avant de trancher. Cela est rassurant pour les relations internationales.  »

Il est difficile de porter une appréciation sur un homme qui entre en  fonction. On peut juste identifier les écueils, les zones de risques et ses atouts éventuels pour les éviter.

Bethmann Hollweg n’a pas l’orgueil chevillé au corps comme von Büllow. La loyauté a aussi plus d’importance pour lui. Ses relations avec Guillaume II n’en devraient être que plus apaisées. Il saura sans doute traiter avec l’Empereur de façon rationnelle et éviter de le braquer inutilement par des attitudes ou des propos maladroits.

En relations internationales, Bethmann Hollweg est persuadé qu’il faut faire sortir l’Allemagne de son isolement. Il tentera probablement un rapprochement avec l’Angleterre – c’est aussi le souhait de son souverain –  et essaiera d’enfoncer un coin dans l’Entente cordiale. Ce point sera à surveiller particulièrement par la France.

Il se méfie comme de la peste de la Russie qui est pour lui la grande puissance montante du XXème siècle qui commence. Espérons que cela ne le conduira pas à des attitudes inutilement distantes voire agressives.

Il reste à évaluer la capacité de Bethmann Hollweg à se faire respecter de la machine bureaucratique berlinoise et de l’Etat major. La France n’aurait guère à gagner de parler avec un chancelier dont l’autorité réelle n’irait pas au-delà du couloir qui longe son bureau.

A priori, sa connaissance intime de l’administration – Bethmann-Hollweg était auparavant ministre de l’Intérieur de Prusse – devrait l’aider dans sa tâche. On dit qu’il s’apprête à écarter plusieurs ministres et secrétaires d’état pour former un gouvernement plus souple et plus homogène. Une équipe plus dévouée autour de lui ne sera pas de trop pour faire face à un parlement -le Reichstag – très remuant et un haut commandement militaire qui a trop souvent l’habitude de n’en faire qu’à sa tête.

Affaire à suivre, la sécurité de la France en dépend.

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