16 mars 1909 : Confidences de la femme du Président

Elle porte des robes à la mode et n’a pas hésité à poser devant les photographes du Journal « L’Illustration ». Jeanne Fallières, née Bresson, est la femme du Président de la République depuis plus de quarante ans. A la suite de l’agression dont a été victime son mari il y a quelques mois, je suis chargé de la rencontrer, pour organiser sa protection.

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Madame Jeanne Fallières, première dame de France, son élégance discrète, ses manières simples…

 » Quand j’étends mon linge dans le jardin de l’Elysée, vous n’allez tout de même pas mettre deux policiers pour m’accompagner ? »

Ce n’est pas de l’ironie mais la question franche d’une femme très bien élevée mais aux façons restées simples.

Je la rassure sur l’intensité de la surveillance qui va peser sur elle. La Sûreté n’a pas les moyens de l’entourer d’une escouade permanente. Seules les grandes occasions -réceptions officielles, déplacements couverts par la presse, rencontres diplomatiques où elle accompagne son mari – justifieront la présence d’un ou deux fonctionnaires du ministère de l’Intérieur.

Tout le long de notre rencontre, elle demeure réservée et m’écoute comme une élève appliquée. Après une hésitation, elle finit par lâcher :

« Et pour les caricatures publiées dans la presse sur mon époux, vous ne pouvez pas faire quelque chose ? »

Elle évoque les dessins peu charitables qui remplissent les colonnes des journaux parisiens qui représentent notre Gascon de chef de l’Etat hilare, le regard satisfait, la bedaine bien remplie et un verre de vin de Loupillon – son coin d’origine – à la main.

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Fallières, « roi du Loupillon »

J’explique à la première dame de France que la presse est libre et que la position de son conjoint l’expose inévitablement à des critiques et à des charges venant des humoristes :

 » Madame, ce sont surtout les Parisiens un peu pédants qui se moquent. Le peuple des campagnes, lui, apprécie un Président qui sait lever le coude, aime la bonne chère et s’attache à rester proche des gens. Ces derniers sont rassurés de savoir qu’à la tête de l’Etat, il y a quelqu’un qui leur ressemble. »

Elle me répond, fataliste :

« Vous employez les mêmes arguments que mon mari. Que n’accepterait-on pas pour gagner ou conserver des électeurs !  »

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La première dame de France avec des amies à Loupillon

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Le couple présidentiel

Un commentaire sur “16 mars 1909 : Confidences de la femme du Président

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  1. Très chouette, quand on pense au naturel perdu de certaines épouses présidentielles ou aux déplacement de troupes policières accompagnant le moindre de leurs pas. On trouve encore en Suisse la simplicité décrite à certains hauts niveaux de l’Etat.

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