13 mars 1909 : Il faut fermer les maisons closes

La disparition de l’inspecteur Robert de la Mondaine commence à faire du bruit dans l’appareil d’Etat. Le préfet Lépine fait le point avec moi :

« On critique beaucoup mes fiches roses, ces petits cartons bien tenus qui permettent de suivre toutes les personnes qui fréquentent de près ou de loin les milieux louches de la prostitution à Paris ? Eh bien, dans ce genre d’affaire, nous sommes bien contents de les trouver !  »

Pour en savoir plus, nous convoquons une ancienne et encore très jeune dame de petite vertu : Marthe Richard. Elle fait partie de nos informatrices privilégiées sur le monde de la nuit parisien.

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Marthe Richard, très critique sur son ancien métier…

Cette dernière, après avoir exercé le plus vieux métier du monde à Nancy puis rue Godot-de-Mauroy à Paris, a épousé un riche industriel du nom d’Henri Richer, un des magnats des Halles. 

Marthe Richard n’y va pas par quatre chemins :

 » Votre inspecteur Robert, vous ne le reverrez sans doute jamais. Soit il est parti en galante et riche compagnie et c’est lui qui veillera à rester loin des regards indiscrets, soit il a surpris des secrets de gens puissants et son corps repose déjà au fond de la Seine dans un sac lesté de pierres. Je ne comprends pas pourquoi il a commencé à s’intéresser au Chabanais, cet établissement de luxe était trop gros pour lui. »

Elle nous raconte ensuite le fonctionnement du Chabanais :

 » Je sais, cela fait rêver les hommes mais cela n’a rien de bien drôle.  Le champagne coule à flot. Les pensionnaires restent distinguées et accueillent leurs invités dans le salon Louis XV ou le salon pompéien. Chaque chambre a aussi une ambiance particulière : chambre japonaise, chambre russe, chambre mauresque. Il y a même la salle des tortures. Ces messieurs très bien habillés, en chapeau melon, jettent leur mouchoir en direction d’une pensionnaire de leur choix et entrent peu après, encore en costume, dans l’une de ces pièces du plaisir, au bras d’une demoiselle déjà très dévêtue.

Il faut arrêter de se placer du point de vue des messieurs. Pour les filles, c’est un calvaire, une humiliation permanente. J’ai une chance extraordinaire d’être sortie de ce monde. Mes anciennes collègues décèdent de maladies, tombent dans la rue sous les coups des voyous ou sombrent dans la misère dès que l’âge arrive. 

Ces maisons closes qui sont des usines à transmettre la syphilis et permettent au Milieu de prospérer devraient… être fermées. C’est une honte pour la République. »

Lépine part d’un grand éclat de rire :

 » Chère madame, si un jour un député se risque à proposer une vaste loi en ce sens, nous vous proposons de baptiser ce texte avec votre nom ! »

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