Je viens de lire un texte terrible sur ce qui semble se passer dans le Congo dirigé par nos voisins belges : » King Leopold’s Rule in Africa » de E.D. Morel.
Ce que je lis me fait honte pour les hommes blancs colonisateurs que nous sommes.
Il est évoqué, dans ce pays sous gouvernement direct du Roi, un système très organisé de travail forcé permettant la production de l’ivoire et du caoutchouc.
Pour permettre le transfert de population vers les zones de production, sont pratiqués des déplacements massifs de familles entières entre provinces.
Des villages se vident de leurs habitants et d’autres connaissent le surpeuplement et la famine.
Victimes de mauvais traitements de la part de l’administration coloniale ( » la Force Publique » ), on ne compte plus les blessés ou les décès par épuisement.
L’opinion publique européenne commence à être sensibilisée sur cette situation. Des écrits de Mark Twain, de Arthur Conan Doyle viennent compléter le document de E.D. Morel.
Le Roi des Belges Léopold II oscille entre une reconnaissance sincère de la situation générant des mesures correctrices et la dénégation farouche.
Contrairement à certains officiels belges, je ne crois pas que tout ce qui s’écrit sur le Congo vient d’un complot britannique contre le Royaume de Belgique.
Nous autres Français, devons rester modérés dans nos critiques. Les échos qui me parviennent sur les conditions de notre domination sur Brazzaville et le Congo français montrent que Paris ne semble guère plus humain que Bruxelles dans le traitement réservé aux ethnies locales.
Tout cela me fait penser à ce long récit, « Au Coeur Des Ténèbres », de Joseph Conrad. L’écrivain évoque ce jeune officier qui remonte un fleuve africain à la recherche d’un collecteur d’ivoire fascinant mais sombre, dont on est sans nouvelle, Kurtz.
Au fur et à mesure de son périple, l’officier, embauché par une compagnie commerciale belge, s’éloigne de toute civilisation et rencontre une humanité de plus en plus sauvage et primitive. Il s’enfonce au coeur de l’Afrique mystérieuse et découvre cette part obscure et cachée de l’homme.
Je me demande si la colonisation n’est pas un long voyage de tout l’Occident » au coeur des ténèbres ». Expédition sans retour où nous risquons de perdre notre âme.
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