25 décembre 1907 : Père Noël ou Petit Jésus ?

 Perenoel1875-1.png

« Santa Claus », le Père Noël anglo-saxon

Qui apporte les cadeaux aux enfants le soir de Noël ?

Les Etats-Unis, influencés par les Allemands, les Hollandais et les Scandinaves répondent :  » Santa Claus « , saint Nicolas. L’illustrateur Thomas Nast a largement contribué, outre atlantique, ces trente dernières années, à bâtir cette légende du bon vieillard à longue barbe, à tunique rouge et liseré de fourrure blanche. Il passe par la cheminée et apporte dans le secret de la nuit, des cadeaux aux enfants sages.

L’Eglise catholique fait tout pour combattre ce mythe qu’elle considère comme païen. Elle insiste sur le nécessaire recueillement qui doit présider à cette fête chrétienne glorifiant la naissance du Christ, celui qui a accepté de donner sa vie par amour et pour sauver les hommes.

Federico Barocci 002.jpg Federico Barocci,  » La Nativité »

Elle refuse ce  » Père Noël » américain, porté par les intérêts des marchands de jouets. Elle s’insurge contre ce porteur de peluches « Teddy », l’ours américain ou « Martin » , l’ours français.

Ainsi, dans notre bon pays de France, cohabitent des familles visitées par le Père Noël, et d’autres qui se réjouissent de fêter la naissance du Christ et offrent des cadeaux à leurs pieux enfants.

Le clergé voyant qu’il peine à endiguer la progression du Père Noël, qui fait la joie de la plupart de nos chères têtes blondes, tente ces dernières années, d’habiles manoeuvres de diversion et de récupération.

Diversion: « le petit Jésus  » apporterait lui aussi des cadeaux  » en traversant les airs, très bon et très juste, vers les enfants qui marchent droit ». Cette opération de diversion que je trouve moins respectable que le légitime rappel des aspects chrétiens du 25 décembre, fait long feu. Les enfants français préfèrent le bon vieillard rond, à pipe, arrivant sur un traîneau tiré par des rennes à un  » Petit Jésus aérien  » difficilement compatible avec l’image traditionnelle du petit être emmailloté et couché dans une crèche, évoqué par les Evangiles.

Récupération ; c’est cette fois-ci plus amusant et cela rapproche finalement toutes les familles de France : le Père Noël serait le fidèle messager du Petit Jésus, chargé de rétribuer tous les enfants qui ont fait preuve de bonté pendant l’année.

Ainsi grâce à l’imagination de notre clergé national, sans doute appuyé par un gouvernement souhaitant l’apaisement des querelles religieuses, le Père Noël et l’Enfant Jésus se rejoignent donc maintenant pour la plus grande joie des petits…

… et pour l’apaisement des passions entre leurs parents.

24 décembre 1907 : Retour à Paris en Orient Express

Aff ciwl orient express4 jw.jpg

Retour vers Paris en train. Plus de 12 heures dans les wagons de l’Orient Express. Dans une ambiance de luxe, servi par un personnel empressé, on se laisse aller à la rêverie ou l’on échange quelques mots courtois avec ses voisins, rentiers, aristocrates, riches hommes d’affaire pour la plupart.

Ce siècle qui commence s’annonce comme révolutionnaire au niveau des transports. Transatlantiques de plus en plus rapides, appareils volants à l’essai, automobiles … on peut maintenant profiter de ce train transfrontalier, bénéficiant de la technologie « Pullman ».

Il traverse toute l’Europe, de Paris (gare de l’Est) à Constantinople, en passant par Strasbourg, Munich, Vienne, Budapest et Bucarest.

Restaurant de l’Orient Express à sa création en 1883

Ce train est le résultat du dynamisme d’industriels audacieux.

George Pullman, d’abord. Cet Américain invente la technologie du wagon de nuit fiable, silencieux, confortable… et cher. Patron paternaliste, il diffuse son invention dans tous les Etats-Unis en insistant sur le sens du service à bord : ses trains américains emploient des familles d’esclaves affranchis après la guerre de Sécession !

Georges Nagelmackers ensuite. Industriel belge créatif. Il importe la technologie Pullman sur le continent européen. Il transpose en l’améliorant encore, cette idée de « service à bord parfait » qui fait la réputation de l’Orient Express.

Il crée cette puissante « Compagnie des Wagons Lits » qui possède l’Orient Express. Et grâce à ce riche capitaliste, les fonctionnaires, commerçants et industriels peuvent se rendre enfin d’un pays à l’autre, à travers toute l’Europe, dans de bonnes conditions de confort et dans un temps record.

Mon arrivée à la Gare de l’Est me donne l’occasion de monter dans un tramway à vapeur qui sera, je l’espère, bientôt remplacé par un tramway électrique moins bruyant et rejetant moins de saletés !

Tramway à air comprimé CGO type 1900.jpg 

Tramways à « air comprimé » desservant la gare de l’Est.

Il me reste quelques heures pour préparer mon rapport pour G. Clemenceau qui va me bombarder de questions sur Vienne, l’Empereur, mes impressions sur l’administration autrichienne…

Cela laisse peu de temps pour retrouver et passer un moment avec mon épouse qui était impatiente que je revienne et mes enfants, fascinés par cet extraordinaire voyage que vient de faire leur père.

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑