L’Art africain influence » Les Demoiselles d’Avignon » , tableau appelé de sa création en 1907 jusqu’à 1916 » Le Bordel d’Avignon «
« Le Jugement de Pâris », par Raphaël, dont la partie gauche inspire le tableau de Picasso
Un tableau qui fait mal, une toile qui fera date ?
» Le Bordel d’Avignon » , révélé cette année par le talentueux Pablo Picasso surprend et dérange.
Ces jeunes femmes nues n’ont rien d’attirant. On ne sait si les visages grimacent de douleur ou portent les traces d’une maladie honteuse. Certains sont affublés d’un masque africain. Les corps ont des formes anguleuses, déformées. Les lignes sont tranchantes et les couleurs agressives. La perspective disparaît et jette sans ménagement les corps sur le spectateur.
Le galbe féminin cède la place à des cubes qui se juxtaposent et nous éloignent de toute réalité rassurante.
Le tableau fait scandale dans le petit groupe qui gravite autour de Picasso. Beaucoup regrettent que le peintre ait à ce point privilégié la recherche formelle, l’expérimentation, aux dépens de la grâce et de l’esthétique.
Ce tableau suggère-t-il que le monde de la nuit, de la prostitution est beaucoup plus violent qu’on le croit ?
Ou faut-il y voir un message sur la dureté des rapports humains, de la condition des femmes et sur l’agression des corps par les maladies fréquentes de notre époque comme la syphilis ?
Pour ma part, je verrais plutôt une inquiétude sur notre siècle qui commence. La douceur de vivre, l’Art, le Beau, peuvent être emportés à tout moment par le déchaînement des passions humaines servies par des machines infernales qui écrasent et mutilent.
L’être humain -et jusque dans l’intimité de son corps – se plie aux réalités industrielles symbolisées par les formes cubiques triomphantes.
La souffrance des uns ne provoque aucune compassion des autres ; les regards se détournent, restent fixes, vides de sentiment. On grimace, on met des masques, nous sommes dans le faux. L’individu n’a plus de repère et d’appartenance.
Le geste féminin, habituellement gracieux, des « bras levés » ne révèle pas des corps qui s’offrent au plaisir mais une attitude mécanique et vide de sens.
Il faut voir dans ce tableau ce que pourrait devenir ce siècle qui commence : un vrai cauchemar.
L’ancien Palais du Trocadéro, présentant en 1907, des objets d’art africains qui fascinent Picasso.
Autre source d’inspriration de Picasso, « Les Baigneuses » de Cézanne