20 novembre 1909 : La belle après le bain

« Toutes les femmes peuvent écrire un beau livre à condition de s’y montrer nues » s’exclame notre Alfred Capus décidément bien phallocrate. Quant aux hommes, ne gagnent-ils pas aussi à fendre l’armure et se laisser aller à quelques confidences dans leur journal ? « Après le Bain »  de Degas, réveille quelques souvenirs et devient le miroir d’instants vécus merveilleux : 

Edgar Germain Hilaire Degas 045.jpg

« Moment pur, moment volé. Observer une femme nue, une femme à la toilette, en vrai ou en rêve. Cet instant où la tête se relève, ce dos qui se cambre légèrement comme ployé par la lourde chevelure humide.

Cette pointe de sein fière, des hanches rondes pleines de forces. Les deux bras levés font saillir des muscles trahissant l’énergie de la belle épiée.

Intérieur chaud, la chaleur du bain laisse la place au velours des sièges. La serviette blanche mue par une main invisible peine à envelopper la toison rousse et abondante de la Vénus d’un soir.

Sait-elle que je suis là derrière, amoureux et curieux, attendri et excité ? Va-t-elle se retourner effrayée ou flattée ? Va-t-elle mettre fin à cet instant de grâce ou aura-t-elle l’élégance d’oublier qu’elle n’est pas seule en continuant à charmer son spectateur caché ?

Le frottement de la serviette cache peut-être le bruit des quelques gouttes qui finissent leur courte vie sautant d’un corps magnifique qui les rejette vers une baignoire devenue inutile.

Le corps chaud, prêt pour le plaisir ou le rêve, sent la présence invisible. Poursuivre une scène rare et faire durer l’attente ? Refuser la banalité d’un mot de trop, laisser parler le geste, attendre le regard complice. Laisser l’autre inviter, être prêt, préparer son entrée, surprendre sans rompre le charme.

Imaginer ce moment d’abandon où la belle aux formes parfaites hésitera entre le repos ou de nouveaux plaisirs. Rejoindre l’autre enfin … 

 … en remerciant Degas pour son regard captant le bonheur et son habileté à transformer notre quotidien en tableaux merveilleux. »

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Vous aimez ce site ? Votre journal préféré, « Il y a un siècle », devient aussi un livre (le blog continuera). Fin novembre, dans toutes les (bonnes) librairies :

« Il y a 100 ans. 1910 » http://www.oeuvre-editions.fr/Il-y-a-100-ans

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