Imaginer les années 2000. Se représenter mentalement le monde de nos arrières arrières arrières petits enfants. Une société qui vivra -heureuse ou non – quand nous aurons tous disparus.
Jules Verne, décédé il y a déjà trois ans, est l’un des premiers à avoir essayé dans ses nombreux romans de tracer les lignes du futur. On s’envole avec lui de la Terre à la Lune après avoir voyagé au centre de notre planète. Le tour du monde ne doit pas dépasser quatre-vingts jours pour laisser un peu de temps pour s’enfoncer à vingt mille lieues sous les mers. Nous sommes invités à passer nos vacances avec des visionnaires à la forte personnalité comme Robur le Conquérant, le capitaine Nemo ou Phileas Fogg ou juste une journée avec un journaliste américain en 2889.
Robur le Conquérant nous permet d’entrevoir les « omnibus volants » qu’imagine le philosophe Alain
Avec Jules Verne, nous sommes plongés dans un monde de progrès continu, spectaculaire et attirant.
Le professeur Emile Chartier (il écrit sous le nom d’Alain) avec lequel je passe quelques soirées à réfléchir à l’avenir s’exclame :
» Ils en sont tous à nous parler de l’an 2000, comme s’ils y étaient ; ce ne sont qu’omnibus volants et maisons de cinquante étages. Ces merveilles, et bien d’autres qu’il n’est pas difficile d’imaginer, n’ont rien qui dépasse la puissance humaine. »
C’est vrai que si l’on croise ce qui se passe aux Etats-Unis où les gratte-ciel comme le Flatiron de New York commencent à pousser comme des champignons et les visions de Jules Verne, nous pouvons imaginer un Occident de l’an 2000 où nous vivrons dans d’immenses immeubles après avoir emprunté des moyens de transport collectifs très rapides.
Le Flatiron Building de New York construit en 1902
Alain imagine aussi un progrès social continu : » J’imagine les travailleurs tous bien payés et assurés contre tous les maux et accidents » .
Dans le monde du futur, nous travaillerons moins et serons moins « dociles » avec les patrons. Avec l’essor du suffrage universel, il s’agit d’une tendance lourde ne pouvant être arrêtée.
Des années 2000 radieuses alors ?
Pas si sûr. Emile Chartier s’inquiète des écarts de fortunes, des gaspilleurs de fonds privés ou publics qui peuvent provoquer la révolte du peuple : » Il faudra peut-être une révolution violente qui ramènera une heureuse médiocrité pour tous. »
Devant mon regard effrayé par l’idée d’une révolution – que je ne souhaite pas connaître de mon vivant – Alain s’empresse d’ajouter : » Je crois plutôt que tout se fera en douceur, par l’effet des crises économiques qui ruineront les grosses fortunes. »
J’espère que le XXème siècle qui commence ne verra pas -à la fois- les révolutions et les crises économiques. En effet, l’Histoire récente qu’oublie un peu vite Alain, nous montre que ces terribles crises ne touchent pas que les puissants.
Les crises boursières et financières de 1873 (effondrement de la bourse de Vienne puis de celle de New York avec pour conséquence une stagnation économique pendant vingt ans sur toute l’Europe) et le krach français de l’Union Générale en 1882, ont surtout ruiné les petits épargnants et ont entraîné des secteurs entiers de l’économie dans la spirale du déclin.
Toute la fin du XIXème siècle est marquée par l’extension du chômage dans la métallurgie, les mines ou le bâtiment… alors que les riches banques d’affaires ont finalement tiré leur épingle du jeu.
De ce point de vue, le XXème siècle sera-t-il un nouveau XIXème siècle… en pire ?
a mon sens même si Jules Vernes était visionnaire dans la partie technique, il se trompe lourdement dans sa vision sociale.
l’avenir social on peut l’imaginer a travers le film « blade runner », des conglomérat trés puissants, la fin des politiques, des villes saturés avec des quartiers fantomes, et un chômage récurrent : on n’a besoins que de spécialistes de haut vol la technologie remplaçant les citoyens dans leurs tâches ordinaires, un monde ou « la middle classe » aura disparue.
un systéme de surveillance et de traque omniprésent de ses citoyens a l’image de 1984, ou bien encore l’image « du fils de l’homme ».
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Bonjour Savonarol
Il ne faut pas réduire Jules Verne à ses ouvrages les plus connus. Dans une prochaine chronique, j’aborderai « Paris au XXème siècle » écrit en 1863 et que Hetzel a refusé de publier… en raison de la vision trop noire du futur qu’avait l’auteur.
Vous verrez que Verne avait une vision très réaliste voire troublante de ce que notre monde allait devenir.
Merci pour votre commentaire.
L’auteur.
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Les dernières pages du roman de SF de John Brunner « A l’Ouest du Temps » décrivent le monde du futur, cauchemardesque à souhait : une humanité innombrable vit dans des villes immenses faites de baraquements sordides, entourées de miradors et surveillées par des milices appartenant à la caste gouvernante. Cette caste manie habilement carotte et bâton pour avoir la paix, le bâton consistant à menacer le rebelle d’une lobotomisation pure et simple, et la carotte consistant à aguicher le peuple à l’aide de jeux télévisés sanguinaires.
Un régal 🙂
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Bonjour Henri
En 1908, le mot « science fiction » n’existe pas encore et le genre littéraire non plus.
John Bruner naîtra 26 ans plus tard. Il écrira le livre passionnant dont vous parlez en 1967.
Merci d’avoir évoqué ce super titre que mon héros ne pouvait connaître.
L’auteur
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Ne parlions-nous pas alors d’anticipation ?
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