Alice Roosevelt, une fille de Président que l’on ne peut oublier
Alice Roosevelt prend de la place, beaucoup plus que ne le voudrait son père Président des Etats-Unis.
Remarquée par tous pour sa grande beauté, elle n’attire pas la presse avec son seul joli minois. Libérée, rétive à toute règle sociale, fatiguée du conformisme des milieux dirigeants de la Côte Est, elle ne cesse de faire parler d’elle par les mini-scandales qu’elle provoque… avec gourmandise.
Cela ne se fait pas ? Elle fume en public. Ce n’est pas convenable pour une femme du monde ? Elle prend des paris directement auprès d’un bookmaker. Ceci risque de faire hurler les visiteurs ? Elle élève un serpent à la maison et le fait savoir. Elle adore les gros mots et jure comme un charretier dès qu’elle sent que cela pourrait choquer telle ou telle oreille chaste.
Très intelligente, elle a un sens inné de la mise en scène. Dès qu’elle arrive dans un lieu public – une salle de spectacle de Broadway ou un hippodrome – tous les regards se tournent vers elle, comme brusquement magnétisés. Un clin d’oeil espiègle à l’un, un bon mot pour l’autre et surtout un charme fou pour tous, Alice Roosevelt aime faire son numéro et couvrir les pages des journaux du lendemain sous la rubrique légère « Gens ».
Alice Roosevelt fait tourner toutes les têtes lors d’une course de chevaux
Theodore Roosevelt ne sait quelle contenance adopter.
Ignorer sa fille ? Elle ne cesse de rentrer dans son bureau ovale pour lui donner des conseils -souvent judicieux – et sait se monter affectueuse et désarmante quand il faut.
L’intégrer dans son équipe ? Ce serait le scandale assuré chaque jour. Cela provoquerait la fuite des collaborateurs, techniciens indispensables, garçons distingués et bien peignés issus d’universités respectables. On ne serait, en outre, pas à l’abri d’incidents diplomatiques fâcheux.
A chaque frasque de son aînée, T. Roosevelt soupire, lève les yeux au ciel et lâche, fataliste : « Soit je conduis les affaires du pays, soit je m’occupe d’Alice… mais je ne peux physiquement faire les deux « .
Le père et la fille ont parfois des explications, forcément orageuses. Quand le Président demande à Alice les raisons pour lesquelles elle souhaite toujours se faire remarquer, la jeune femme répond en riant :
» Mais, père, c’est plus fort que moi ! Quand il y a un baptême, je redeviens le bébé ; quand nous sommes à un enterrement, je prends mentalement la place du corps ; si nous assistons à un mariage, j’apparais au premier rang toute vêtue de blanc et c’est à mon doigt que l’on est tenté de passer la bague ! »
Le docteur viennois Sigmund Freud pourrait donner quelques clefs pour expliquer ce comportement atypique dans la bonne société de Washington.
Une enfance sans l’affection d’une mère, décédée au moment de sa naissance. Un papa envahi par le chagrin ne sachant que faire de son bébé. Puis, plus tard, un père trop occupé par sa carrière politique et incapable de s’occuper d’elle.
Pour compenser ses fêlures, oublier ses blessures intimes, Alice avance à grands pas sans se retourner et choisit de nous faire rire à gorge déployée. Dans ses jolis yeux pétillants de malice, ceux qui la connaissent bien, devinent cependant un léger voile cachant une gravité inavouée : la tristesse de ceux qui ont grandi sans être aimés.
Alice Roosevelt en 1908, elle a 24 ans
Je découvre ce blog avec bcp d’intérêt , en venant de chez François, Belge de Belle-Ile; Je me permets de vous mettre en lien dans mes favoris.
Férue d’histoire et passionnée par la belle-époque, je ne bouderais pas mon plaisir en remontant vos archives qui me permettront sans aucun doute des découvertes étonnantes de petits et grands faits des élites de cette période.
Sinon, que dire de Melle Roosvelt, quelle belle jeune femme, et je serais curieuse de savoir ce qu’elle est devenue……
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voici 2 gazettes de Ponchon sur Alice Roosevelt, la première concernant son mariage, l’autre lors du baptème du bateau Météor du Kaiser…
http://raoulponchon.blogspot.com/search?q=roosevelt
Bonne lecture
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