1er septembre 1908 : L’encombrante fille du Président

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Alice Roosevelt, une fille de Président que l’on ne peut oublier

Alice Roosevelt prend de la place, beaucoup plus que ne le voudrait son père Président des Etats-Unis.

Remarquée par tous pour sa grande beauté, elle n’attire pas la presse avec son seul joli minois. Libérée, rétive à toute règle sociale, fatiguée du conformisme des milieux dirigeants de la Côte Est, elle ne cesse de faire parler d’elle par les mini-scandales qu’elle provoque… avec gourmandise.

Cela ne se fait pas ? Elle fume en public. Ce n’est pas convenable pour une femme du monde ? Elle prend des paris directement auprès d’un bookmaker. Ceci risque de faire hurler les visiteurs ? Elle élève un serpent à la maison et le fait savoir. Elle adore les gros mots et jure comme un charretier dès qu’elle sent que cela pourrait choquer telle ou telle oreille chaste.

Très intelligente, elle a un sens inné de la mise en scène. Dès qu’elle arrive dans un lieu public – une salle de spectacle de Broadway ou un hippodrome – tous les regards se tournent vers elle, comme brusquement magnétisés. Un clin d’oeil espiègle à l’un, un bon mot pour l’autre et surtout un charme fou pour tous, Alice Roosevelt aime faire son numéro et couvrir les pages des journaux du lendemain sous la rubrique légère « Gens ».

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Alice Roosevelt fait tourner toutes les têtes lors d’une course de chevaux

Theodore Roosevelt ne sait quelle contenance adopter.

Ignorer sa fille ?  Elle ne cesse de rentrer dans son bureau ovale pour lui donner des conseils -souvent judicieux – et sait se monter affectueuse et désarmante quand il faut.

L’intégrer dans son équipe ? Ce serait le scandale assuré chaque jour. Cela provoquerait la fuite des collaborateurs, techniciens indispensables, garçons distingués et bien peignés issus d’universités respectables. On ne serait, en outre, pas à l’abri d’incidents diplomatiques fâcheux.

A chaque frasque de son aînée, T. Roosevelt soupire, lève les yeux au ciel et lâche, fataliste : « Soit je conduis les affaires du pays, soit je m’occupe d’Alice… mais je ne peux physiquement faire les deux « .

Le père et la fille ont parfois des explications, forcément orageuses. Quand le Président demande à Alice les raisons pour lesquelles elle souhaite toujours se faire remarquer, la jeune femme répond en riant :

 » Mais, père, c’est plus fort que moi ! Quand il y a un baptême, je redeviens le bébé ; quand nous sommes à un enterrement, je prends mentalement la place du corps ; si nous assistons à un mariage, j’apparais au premier rang toute vêtue de blanc et c’est à mon doigt que l’on est tenté de passer la bague !  »

Le docteur viennois Sigmund Freud pourrait donner quelques clefs pour expliquer ce comportement atypique dans la bonne société de Washington.

Une enfance sans l’affection d’une mère, décédée au moment de sa naissance. Un papa envahi par le chagrin ne sachant que faire de son bébé. Puis, plus tard, un père trop occupé par sa carrière politique et incapable de s’occuper d’elle.

Pour compenser ses fêlures, oublier ses blessures intimes, Alice avance à grands pas sans se retourner et choisit de nous faire rire à gorge déployée. Dans ses jolis yeux pétillants de malice, ceux qui la connaissent bien, devinent cependant un léger voile cachant une gravité inavouée : la tristesse de ceux qui ont grandi sans être aimés.

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Alice Roosevelt en 1908, elle a 24 ans 

1er septembre 1908 : Les riches sont plus au courant que les pauvres !

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La Tour Eiffel et la fée électricité en 1900

Il a fallu attendre une crise pour s’y mettre : l’incendie de l’Opéra Comique le 25 mai 1887, provoqué par une rampe à gaz, est à l’origine de la décision de la municipalité d’équiper Paris d’un éclairage électrique.

Une usine municipale d’électricité installée dans le sous-sol des Halles a été inaugurée, il y a bientôt vingt ans, le 1er décembre 1889.

Jusque-là, nous Parisiens, avions tous cru que les choses avanceraient vite. Nous étions persuadés que chaque rue et progressivement chaque habitation de notre ville basculerait du gaz à l’électricité.

En 1908, la désillusion est forte. La Ville a renoncé ces deux dernières décennies à faire les investissements nécessaires. Le réseau et l’exploitation ont été confiés, en concession, à six compagnies pendant dix-huit ans.

Pour quels résultats ?

Le XVIème arrondissement, les Champs-Elysées et les grands boulevards sont effectivement équipés d’un éclairage urbain moderne et fiable. Mais le XXème attend toujours le creusement des premières canalisations.

La Ville a fini par s’émouvoir des investissements très sélectifs des compagnies concessionnaires privées qui conduisent, en fait, à éclairer en priorité les quartiers huppés et à délaisser les faubourgs. En outre, les tarifs pour les particuliers sont beaucoup trop élevés et seuls quelques immeubles grands bourgeois profitent de la fée électricité.

Les discussions avec les industriels s’éternisent depuis la fin des concessions en 1905. Nous sommes depuis trois ans en « régime transitoire » pour la production et la distribution du courant. La Capitale reste découpée en six secteurs respectant des normes électriques différentes. L’unification et les investissements à effectuer restent gigantesques. Sous la pression de l’Etat, des efforts sont cependant entrepris. Notre Capitale ne peut se permettre d’être à la traîne par rapport aux autres grandes villes européennes.

En attendant, la plupart des Parisiens profitent de la bonne vieille lumière fournie par la Société du gaz de Paris.

Le combat « électricité contre gaz » pourrait bien tourner à l’avantage du second si les pouvoirs publics ne prennent pas les choses en main très rapidement.

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