Natalie Clifford Barney
Ma nièce est toujours chez nous. Elle s’interroge sur son avenir. Elle refuse un beau parti proposé par sa famille et s’oppose en bloc à tout mariage arrangé, à tout destin tracé par d’autres qu’elle.
Elle joue merveilleusement du piano, elle chante juste et fort bien et commence à fréquenter des troupes de théâtre parisiennes. C’est une rebelle et une artiste.
Jusque-là, rien que d’assez « classique » pour une jeune femme de vingt ans.
Hier, elle m’a en revanche surpris quand elle m’a annoncé avec qui elle avait passé sa soirée : Natalie Clifford Barney !
Ma nièce est bien faite de sa personne, elle peut légitimement attirer Mme Clifford Barney, cette femme de lettre américaine, installée à Paris et qui préfère, dans l’intimité, les compagnies féminines.
Je ne sais trop quoi penser de cette fréquentation pour un membre de ma famille.
Mélange improbable des milieux : notre famille, ce sont essentiellement des fonctionnaires peu argentés, directement issus de la méritocratie républicaine. Mme Barney représente, elle, la haute société, internationale de surcroît. Fille de milliardaire américain – M. Barney possédait une grande partie des chemins de fer des Etats Unis – Natalie Clifford Barney n’a pas besoin de travailler pour vivre dans le luxe.
Mélange improbable des convictions et des valeurs : mes fonctions au ministère de l’Intérieur m’en font voir « de toutes les couleurs » sur notre société de début du siècle. Pour autant, ce que j’observe ne touche jamais ma famille ou mes proches … qui mènent une vie très rangée.
Si j’avais pu deviner que ma nièce deviendrait une petite amie de Natalie Clifford Barney !
Il va falloir que je rende compte de cette relation – surprenante – au directeur de cabinet …avant qu’il ne l’apprenne par les rapports de police.
J’ai lu il y a un certain temps déjà un livre sur Nathalie Clifford Barney, je ne me souviens évidemment pas de son titre. cela racontait quelques années de sa vie parisienne et l’ensemble du texte était articulé autour d’une réception où se pressaient toutes les figures (peintres, écrivains musiciens) qui gravitaient autour d’elle.
L roman (« un soir chez l’Amazone », ça me revient!) avait un indéniable charme, quelque chose de très « femme », mais on sentait planer cette richesse oisive qui laissait à touts le temps de se faire des « nœuds dans la tête », chacun s’efforçant de coller une image romantique quelque peu artificielle de « l’artiste » tout en ayant sa spychologie propre, ses désirs, ses talents.
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« Il va falloir que je rende compte de cette relation – surprenante – au directeur de cabinet …avant qu’il ne l’apprenne par les rapports de police. »
N’en faite rien, ce n’est que votre nièce !! et puis, la police ne sait pas tout, n’est-ce pas.
Ce qui se passe à Neuilly ne durera pas. Mes informateurs, (si, si, nous en avons dans l’armée), m’indiquent que la dame Clifford Barney cherche une résidence rue jacob à Paris pour y tenir salon.
Depuis l' »Idylle saphique » de la courtisane de Pougy, le Tout-Paris n’attend que cela.
Et comme le dit Miss Clifford-Barney, dans sa langue : » Wait and see ».
cela nous sera surement profitable.
de Vieille Baderne
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cette chère natalie Barney est décidément toujours aussi friande de chair fraîche… et féminine. Demandez conseil à ce cher Rémy de Gourmont, si vous avez peur d’éventuelles inclinations sapphiques pour votre nièce. M. de Gourmont, mais aussi M. Lorrain connaissent ces milieux, ils vous expliqueront tout cela.
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