18 mars 1908 : Durkheim « installe » un totem à la Sorbonne

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Totem indien, Amérique du nord

Il était une époque où la religion expliquait le monde. Elle constituait un secours et un repère pour chacun. Elle donnait un cap pour celui qui regardait devant lui, apportait un passé et des explications sur les origines de ceux qui se retournaient. Elle englobait tout d’un grand filet protecteur.

Au XXème siècle, ce n’est plus la religion qui explique … mais elle qui doit se soumettre à l’examen.

De fins lettrés apportent des éléments nouveaux pour comprendre ces phénomènes hors normes comme la Foi et la croyance.

Emile Durkheim s’est fixé un objectif ambitieux :  » expliquer l’évolution religieuse de l’humanité et connaître la nature de la religion en général « .

durkheim.1205790073.jpgE. Durkheim

Dans son cours à la Sorbonne que suit ma nièce, il observe comment naît la religion dans les sociétés primitives pour expliquer, ensuite, comment elles peuvent prendre de l’ampleur chez les peuples plus avancés.

Il écarte tout d’abord la thèse de l’Anglais Tylor.

Pour Durkheim, on ne peut expliquer l’origine des religions dans le rêve et la mort. Selon Tylor, les peuplades primitives distinguant mal l’état éveillé de l’état de sommeil, auraient, grâce aux songes, identifié l’âme. La mort les aurait ensuite conduits à diviniser l’âme et à l’étendre aux choses inanimées.

Cette théorie séduisante s’efface, nous dit Durkheim,  devant l’observation scientifique, « sociologique » , des peuples non-civilisés.

Ces derniers se regroupent, en fait, autour d’un « totem », point de ralliement, symbole de la cohésion du groupe. Le totem, objet central du clan, fait l’objet progressivement d’un véritable culte avec ses interdictions, ses mythes et ses cérémonies. 

Le totem, lien et symbole social devient lieu de culte. Ainsi, la société et sa volonté de garantir sa cohésion interne, créé l’objet cultuel et donc la religion.

La société crée donc du sacré ; le sacré trouve son origine dans le phénomène social.

 » La divinité n’est autre chose que la société elle-même  » affirme avec assurance notre professeur dont les étudiants boivent les paroles.

Ma nièce est « enchantée » par ce cours.

Je suis plus perplexe. Le fait que l’on ne puisse pas expliquer le phénomène religieux me convenait jusqu’à présent. Dieu peut-il se soumettre à notre faible raison humaine ? N’y a-t-il pas une force supérieure qui transcende l’homme, le dépasse et l’élève à la fois ? Que fait Durkheim du magnifique message évangélique d’Amour ?

Durkheim reste pour autant un savant stimulant. On peut ne pas le suivre intellectuellement mais personne ne reste indifférent à ses recherches, à son souci de partir des faits, des observations sociologiques soigneusement décrites (statistiques et autres descriptions incontestables ) pour avancer, dans un second temps seulement, une théorie.

Si on ne le rejoint pas au bout de son chemin de pensée, on ne peut qu’approuver la rigueur de sa démarche. Il invite les croyants à se réveiller.

Que pense notre pape Pie X, très conservateur, de tout cela ?

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