Fjord norvégien
Très beaux chants au théâtre du Châtelet avec les « Concerts Colonne ». Des chants qui nous viennent du froid, du grand Nord, de Norvège.
J’avais déjà eu l’occasion d’écouter Edvard Grieg lors de son passage à Paris en 1903. Pour la première fois, depuis l’Affaire Dreyfus, le compositeur scandinave avait accepté cette année-là de se produire sur une scène française.
N’avait-il pas écrit en 1899 à M. Colonne pour l’informer « qu’après l’issue du procès Dreyfus il ne pouvait se décider à venir en France maintenant… Comme tous les étrangers, ajoutait-il, je suis indigné de voir le mépris avec lequel on traite la justice dans votre pays, de sorte que je me trouve dans l’impossibilité d’entrer en relations avec un public français… »
Le concert de 1903 avait commencé par quelques huées du public parisien, exigeant des excuses pour les propos de Grieg. Puis, la chaleur des rythmes lents norvégiens, la profondeur et la pureté des chants, la douce langueur qui se dégage de cette musique à forte identité, avait conquis l’auditoire qui avait fini par applaudir à tout rompre.
La représentation à laquelle je viens d’assister était plus courte mais aussi plus nostalgique. Elle rendait hommage au maître norvégien décédé en septembre de cette année.
Ce n’était pas une oeuvre majeure qui était jouée, comme l’est « Peer Gynt » d’après Ibsen, mais de la musique chorale.
Chansons d’amour et psaumes côtoyaient des petites cantates qui ravissaient les quelques centaines d’inconditionnels de Grieg, présents dans une salle qui n’avait fait aucune publicité compte tenu du nombre restreint de places. Le Choeur était français mais comprenait quelques norvégiens.
On ne pouvait s’empêcher de penser, en entendant ces notes fluides, aux paysages époustouflants des fjords, des montagnes abruptes plongeant dans la mer, aux innombrables rivières d’eaux glaciales et pures s’écoulant entre d’immenses forêts désertes de toute présence humaine.
Chute d’eau dans le Geirangerfjord
Ceux qui ont eu la chance de connaître personnellement Grieg, racontent que le compositeur, devenu une gloire nationale dans son pays indépendant depuis seulement deux ans, était en fait un solitaire.
Lassé des nombreux voyages où toute l’Europe l’acclamait, il se réfugiait de longues heures dans un chalet d’une seule pièce au fond d’un parc, près de Bergen, à Troldhaugen. Dans ce lieu tranquille, aménagé de façon simple mais chaleureuse, il réalisait à chaque nouvelle partition, la synthèse entre la musique romantique allemande, le folklore scandinave qu’il remet à l’honneur et une recherche plus personnelle de mélodies d’un premier abord un peu dissonantes mais finalement assez flatteuses.
La maison de Grieg à Troldhaugen à côté de Bergen ; pour composer, le maître s’isole une centaine de mètres plus loin dans un chalet en bois.
Il y a des peuples qui ont conquis leur indépendance dans le sang. Les Norvégiens ont la chance – et le goût – de commencer leur histoire en musique. Ils s’écartent d’un Danemarck qu’ils appréciaient mais aussi d’une Suède à laquelle ils avaient été cédés en 1814.
Ils recherchent maintenant une identité culturelle. Grieg est arrivé à point nommé pour leur donner une âme , une richesse et pour tout dire : une légitime fierté.
Entre « Mo i Rana » et « Trondheim-Laksforsen »
j’aimerais un jour visiter les fjords norvigiens et écouter la musique célèbre de Grieg
J’aimeJ’aime
en quelle année edvar grieg a composé sa chanson ??
J’aimeJ’aime