25 août 1908 : On sort ce soir ?

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Nous, les Parisiens, sommes souvent des provinciaux par nos attaches familiales. Nous gardons des contacts avec nos régions d’origine : Bretagne, Normandie, Auvergne, Sologne …

Nous préservons aussi dans un coin de notre coeur la nostalgie de tel ou tel aspect de la vie de nos villages.

Et nous sommes peinés quand nous constatons le déclin voire la disparition de traditions que nous aimions.

Il en va ainsi des veillées. Ces moments chaleureux associaient dans une grange, une étable ou une cave, trente à quarante villageois, voisins, frères ou cousins, des plus jeunes aux plus vieux. On chantait, on buvait, mangeait des châtaignes ou des noix.

Les plus anciens échangeaient des souvenirs de guerre. Les enfants écoutaient, ébahis, des contes fantastiques destinés à parfaire leur éducation.

Les jeunes gens arrivaient à s’isoler pour  » roucouler  » ensemble. Les filles prêtes à marier préparaient leur trousseau.

Chacun échangeait sur l’actualité du village et sur les travaux à organiser de façon collective.

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Les femmes qui organisaient ces veillées d’antan doivent maintenant s’effacer devant l’essor des cafés et des cabarets.

Depuis la loi du 17 juillet 1880 qui supprime les autorisations préalables, ces lieux de boissons et de jeux, connaissent un développement considérable. On en compte parfois cinq à dix pour des villages de 500 âmes !

En outre, les jeunes commencent à utiliser la bicyclette et donc élargissent leurs possibilités de rencontre, sans avoir besoin des veillées.

Celles-ci disparaissent donc au profit de longues soirées au café, des bals ou des réunions festives n’associant que les jeunes.

Les hommes jouent aux cartes. Cézanne les a immortalisés. Et les femmes dans tout cela ? Doivent-elles attendre les bals pour sortir ?

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 » Les joueurs de cartes  » , par Cézanne

25 août 1908 : L’imminence d’une invasion est réelle

Charles Péguy portrait par Jean-Pierre Laurens (fils de Jean-Paul Laurens)

Pour le compte de mon ministre, je visite assez souvent ce que Paris compte de savants ou de lettrés partageant peu ou prou nos idées.

Même s’il est inconnu du grand public, je ne peux ignorer Charles Péguy, aux talents incontestables de poète mystique.Son « Jeanne d’Arc » ne s’est pas beaucoup vendu mais on ne peut rester indifférent à l’évocation qu’il fait de cette héroïne de notre histoire nationale, quittant son village natal pour accomplir son destin :

« Voici que je m’en vais en des pays nouveaux:

Je ferai la bataille et passerai les fleuves;

Je m’en vais m’essayer à de nouveaux travaux,

Je m’en vais commencer là-bas les tâches neuves.

Et pendant ce temps là, Meuse ignorante et douce,

Tu couleras toujours, passante accoutumée,

Dans la vallée heureuse où l’herbe vive pousse,

O Meuse inépuisable et que j’avais aimée. »

Depuis 1905 et l’incident de Tanger, Charles Péguy est persuadé, comme G. Clémenceau, que la France est menacée par une Allemagne implacable, puissante et conquérante.

« L’imminence d’une invasion est réelle » s’est exclamé le poète en me prenant par le bras dans son bureau de la rue de la Sorbonne, où il édite les « Cahiers de la Quinzaine ».

Pour lui, il faut armer le pays (matériellement et plus encore, mentalement), refuser le discours de paix de personnes qui « trahissent, en fait, l’idéal socialiste » comme J. Jaurès.

Si je n’ai malheureusement pas de doute sur les dangers que représente notre voisin allemand, je reste persuadé que la guerre serait un désastre. Aucun des pays ne pouvant écraser l’autre, le conflit conduira sans aucun doute à de pertes effroyables.

Je suis très seul à penser cela et nombreux sont ceux qui croient profondément qu’une armée française, disciplinée, nombreuse et bien équipée, peut écraser l’adversaire rapidement.

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