Yevno Azef fait tomber ses anciens camarades terroristes
Ils se révèlent particulièrement coriaces. Les terroristes russes voient grands. Plusieurs milliers d’attentats au sein de l’Empire du Tsar ces cinq dernières années. Deux ministres de l’Intérieur, Sipiaguine et Plehve et plus d’une centaine d’autres fonctionnaires de haut rang, ont succombé à leurs bombes. Le grand duc Serge est aussi passé de vie à trépas à la suite de leur acharnement à détruire toutes les représentations du pouvoir russe en place.
Le grand duc Serge Alexandrovitch, assassiné par l’Organisation de combat
En face, la riposte s’organise. Elle est brutale. L’Okhrana, la sinistre police secrète tsariste grossit de jour en jour. Ses pouvoirs, pas toujours légaux, s’accroissent à chaque nouvelle vague d’attentats. Ses méthodes – filatures, infiltrations, provocations mais aussi tortures, enlèvements d’activistes à l’étranger, mises au secret sans procès – ne sont pas vraiment celles d’une organisation démocratique.
« Nous répondons au mal par le mal » s’exclame l’attaché militaire de Russie, accompagné d’un dirigeant de la police moscovite, dans mon bureau ce jour.
Objet de l’entretien : recouper les informations obtenues auprès de l’agent double Yevno Azef. Ce dernier trahit actuellement tous ses anciens camarades de l’Organisation de combat, bras armé du parti socialiste révolutionnaire (SR). Les éléments recueillis auprès de ce personnage qui séjourne à Genève et parfois en France, semblent de première main.
Azef dévoile les plans inouïs de son organisation : faire sauter le bâtiment de l’Okhrana, enlever le Premier ministre Stolypine, tuer cinq gouverneurs généraux en une journée…
J’ai sur mon bureau les rapports de la préfecture de police sur tous les révolutionnaires russes qui résident dans la capitale et dans les environs. A droite, ceux qui se sont fait remarquer par la police ; à gauche, ceux qui semblent se tenir tranquilles. J’ignore pour une large part les activités qu’ils ont pu avoir en dehors de France. Difficile de savoir s’ils ont du sang sur les mains ou s’ils militent « pacifiquement ».
Que dois-je faire ? Tout donner spontanément aux représentants de Moscou ou attendre que ces derniers me donnent un nom et des informations avant de livrer les miennes ?
Je choisis la seconde voie, moins pénible pour ma conscience.
Je me heurte à un refus sec du policier russe. « Vous devez nous donner, sans contrepartie, toutes les informations. Sinon, nous nous plaindrons par la voie diplomatique. Ces terroristes, instrumentés par les socialistes révolutionnaires, sont des illuminés, des fous furieux. Certains se prennent pour des représentants de la toute puissance divine et considèrent que leurs attentats sont des vengeances du Très-Haut . »
Je réponds : « Justement, vous ne craignez pas, avec vos méthodes, d’en faire des martyres ?
– Monsieur le conseiller, nous ne sommes pas là pour discuter de cela. Donnez les informations aux représentants du Tsar ! »
Passablement agacé, j’explique à mes interlocuteurs qu’ils ont affaire à un « représentant » – pour reprendre leur expression – de la République française, Etat souverain qui n’a pas l’habitude d’obéir aux injonctions d’une puissance étrangère.
L’entretien s’achève… et peut-être ma carrière avec ?
Bombes de terroristes russes, saisies à temps par l’Okhrana
J’aimerais savoir le nom du haut fonctionnaire (article du 16 mai 2008)
Interessant pour mes recherches
Merci
M Hublin
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Ce nom est tenu rigoureusement secret, compte tenu des fonctions importantes qu’il occupe et des dossiers auxquels il a acces.
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