Paris, Porte Saint-Denis 1908
Haussmann avait a priori tout pensé. Les avenues parisiennes sont larges, agréables, bordées d’arbres. Il est difficile d’imaginer que les très importants aménagements voulus par le baron, cinquante ans après, ne suffisent plus pour faire face aux difficultés de circulation dans Paris.
Un rapport confidentiel de la préfecture de police arrivé ce jour sur mon bureau montre que l’indécision des pouvoirs publics et de la municipalité sont à l’origine de nos malheurs.
Notre capitale a pris du retard dans la modernisation des véhicules utilisés par les Parisiens. Même en 1908, le cheval est encore largement à l’honneur. Pour tirer les omnibus, les tramways et encore plus de 9000 fiacres. Or, les transports hippomobiles restent particulièrement lents, notamment dans les montées, plus fréquentes que l’on ne croit à Paris.
Ensuite, une simple promenade dans nos rues permet de confirmer l’une des conclusions principales du rapport. Les modes de transports se développent de façon anarchique. Cohabitent dans des voies identiques des moyens de déplacement qui auraient besoin d’être séparés. Les taxis automobiles se faufilent entre tramways et omnibus, les transports en commun ne sont guère prioritaires par rapport au développement des véhicules individuels.
Chacun se gare où il veut, où il peut. On crie, on rouspète derrière une charrette de livraison qui se plante en face du commerçant à approvisionner sans se soucier du passage qui se bloque et de la longue file qui se forme derrière.
L’Etat et la Ville devraient agir. On sait par exemple que l’entretien de deux chevaux de fiacre coûte beaucoup plus cher que celui d’une automobile. Pourquoi ne pas mettre un terme rapide à un mode de transport désuet (et malodorant) ?
L’arrivée du métropolitain se révèle une vraie solution pour décongestionner le transport de surface. Pourquoi avoir attendu 1900 (l’année de l’Exposition universelle) pour ouvrir la première ligne ? Pourquoi en est-on seulement à quatre lignes ouvertes huit ans après ?
Tout cela est très agaçant. Que de temps perdu par chaque Parisien pendant que les édiles de la capitale discutent à l’infini, sans se mettre d’accord, sur un plan de développement ordonné de la circulation !