Victor Horta, les multiples reflets de l’intérieur de la Maison Solvay
Après la mission auprès des Jésuites à Antoing, une escale mi-professionnelle, mi-personnelle à Bruxelles.
Un rêve que j’essaie de transmettre à ma hiérarchie : faire travailler le grand architecte de l’Art nouveau, Victor Horta, à Paris.
Je sais que celui-ci est fort dépité de n’avoir reçu que peu de commandes royales. Le roi Léopold II ne semble guère attiré par cette forme d’architecture et préfère Alphonse Balat (l’ancien maître d’Horta) qui lui propose des oeuvres plus classiques. On reproche aussi à Horta de travailler trop seul et de refuser la collaboration d’autres décorateurs.
Notre artiste se console auprès d’une riche clientèle privée. De nouveaux quartiers de Bruxelles sont maintenant à la mode -l’avenue Louise ou l’avenue Palmerston – et les oeuvres d’Horta sont édifiées dans des espaces verdoyants et lumineux.
Les hôtels particuliers que l’on peut y admirer portent le nom de riches propriétaires avocats, financiers ou industriels, comme la Maison Solvay. Ces gens-là aiment recevoir et apprécient les entrées accueillantes, baignées de lumière, d’un style audacieux et élégant à la fois, que sait concevoir l’architecte.
Le nom d’Horta se répand très vite par le bouche à oreille, notamment dans la franc-maçonnerie de la ville.
Victor Horta que je rencontre dans son cabinet de travail. 1908
Ma rencontre avec l’architecte a été un dialogue passionnant sur l’architecture, l’art, l’occupation de l’espace ou l’urbanisme.
Mais non, Horta ne viendra pas pour le moment à Paris.
» J’ai des commandes par-dessus la tête et je peux même commencer à choisir mes clients. Il y a une dizaine d’années, j’ai eu la joie de dessiner la Maison du Peuple. Je souhaite construire d’autres bâtiments pour mes amis les « rouges » – je veux dire le Parti des travailleurs belges.
Je ne suis pas sûr d’être le bienvenu dans la capitale française avec mes idées très à gauche. Votre patron Clemenceau préfère envoyer les régiments de Dragons pour mater les ouvriers grévistes plutôt que d’écouter leurs revendications et d’élever leur esprit en mettant à leur portée l’Art populaire ! »
Pour voir les chefs-d’oeuvre de Victor Horta, les Français devront donc continuer à prendre le Paris-Bruxelles.
Une salle à manger réalisée par Horta. Le magasin Waucquez à Bruxelles