On sent l’homme fatigué. Le prince Hugo von Radolin, ambassadeur d’Allemagne à Paris a beaucoup perdu de sa superbe. Il n’a plus le ton arrogant qu’il avait en 1905 lorsqu’il exigeait le renvoi de Delcassé, il ne tape plus du poing sur la table comme il y a quelques semaines lors de l’affaire des légionnaires allemands déserteurs de l’armée française.
Le prince Hugo von Radolin, ambassadeur d’Allemagne à Paris
Dans le salon de l’hôtel Ritz où nous nous rencontrons, il savoure comme un ultime plaisir un Porto vintage mis en bouteille il y a plus de vingt ans. Chaque gorgée semble un peu le réconforter et le pousse à la confidence.
» Von Bülow (NDLR le chancelier) peine de plus en plus à couvrir Guillaume II. Il prétend que l’entretien désastreux de l’Empereur dans le Daily Telegraph lui avait été soumis avant publication, qu’il n’a pas su assurer une relecture suffisamment attentive et bloquer la diffusion.
Il oublie de dire que l’Empereur n’a cessé de dire des sottises lors de son déplacement en Angleterre. Tout le monde a entendu ses propos sur la France, sur la flotte ou sur la guerre des Boers. Avec un tel souverain, nous sommes ridicules. Toute l’Europe s’esclaffe. Il faudrait aussi parler de mon propre ministère qui devait aussi relire l’article du Daily et qui n’a, en fait, proposé que des corrections mineures. Ils n’ont pas osé aller contre la volonté de l’Empereur, par couardise, flagornerie ou incompétence. »
Je jette un regard plein de compassion à mon interlocuteur. J’espère surtout qu’il va m’en dire plus.
Il reprend : » Vous les Français, vous n’avez rien à craindre de nous pour l’instant. Von Bülow ne veut pas de conflit avec votre pays. Il est persuadé que votre armée est beaucoup plus forte qu’en 1870, il est attentif à la relative stabilité et cohérence de votre gouvernement Clemenceau. Il reste trop pris par la conduite des affaires intérieures. La réforme fiscale que nous allons essayer de faire passer, occupe totalement notre attention. »
Je me hasarde à l’interroger sur le Maroc :
» Pour le Maroc, c’est la même chose, nous acceptons vos propositions de coopération économique et nous vous laissons le champ libre d’un point de vue militaire. Je n’ai aucune consigne de fermeté sur ce dossier. Je reprends la phrase de votre Guizot : « Enrichissez-vous ! » Les bruits de bottes s’éloignent. Lyautey sera libre comme l’air à Oujda ! »
Il boit encore une gorgée de Porto.
» L’Empire cède sur tout. L’Autriche-Hongrie annexe la Bosnie sans nous demander notre avis ; les Anglais se moquent de nous ; les Français retrouvent leur puissance et nous encerclent avec la triple Entente ; les Russes repoussent nos avances. Notre position diplomatique est catastrophique. Je suis las de cette débandade qui vient du plus haut niveau de l’Etat. Bismarck est mort et ne peut plus donner de conseils à personne. J’en ai assez de tout cela, je souhaite retourner assez vite à Berlin. »
La dernière fois que l’ambassadeur avait indiqué qu’il voulait rentrer, c’était il y a un mois et demi, en pleine crise marocaine et son ton était menaçant.
Clemenceau, ferme, lui avait répondu du tac au tac : » Excellence, le train de Cologne part à neuf heures. Il en est sept. Si vous ne voulez pas le manquer, il faut vous dépêcher. »
Aujourd’hui, Radolin prononce les mêmes mots mais dans un état d’esprit différent. Sa voix a perdu de l’assurance. Son regard se perd dans le vague.
Il prononce alors une phrase en allemand – « alles haut ab », me semble-t-il, que je traduirais de cette façon :
» Tout fout le camp ! »
Puis, il se sert un troisième verre de Porto qu’il boit d’un coup, avant de me tendre la main :
» Au revoir, monsieur le conseiller. Avant de vous quitter et pour conclure, laissez-moi vous dire ceci : l’Allemagne a 60 millions d’habitants, la France n’en a que 40. Mais elle a Monsieur Clemenceau ! »
Toujours très intéressant ce blog!
Continuez comme ça!
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Au Maroc, le moral « retrouvé », le Kaiser débarque pour faire un discours enflammé à Tanger… puis la visite impromptue d’une canonnière en rade d’Agadir… Mais ceci est une autre histoire !
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Witam serdecznie, nie znam francuskiego ale bardzo mnie zainteresował text : « 11 Novembre 1908r Grosse deprime de l » ambassadeur d’ Allemagne » I’am interesnet for Hugo von Radolin.
I’m levt in Jarocin in Poland. In Jarocin Radolin have Schlossen Familien.
Weery Please information for Hugo Radolin, and foto. I’m wrait in gazete.
When number end Wher jahre, date Gazete Le. Monde, whrait text for Radolin. Thanke wery match. Gut lake.
Andrzej
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Quand on songe a ce temps passé on s ‘aperçoit que cette époque ne comportait plus beaucoup d’homme d’état digne de ce nom .Tout ceci nous mena droit dans le mur .Il eut suffit qu’un grand empereur Frédérique trois vécut quelques années de plus .Il voulait rendre l’Alsace Lorraine à la France .Nous n’aurions pas subi deux drames ou une nouvelle guerre de trente ans et nous formerions probablement un seul état aujourd’hui .La parenthese ouverte en 842 aurait été fermée .La suite regardez autour de vous .Nous avons tué les meilleurs de nos fils .Je suis franco allemand et je suis peiné de tout cela .Bismarck aurait du faire comme en 1866 à la paix de Prague ,prendre cinq ou six milliards de francs mais pa
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