21 octobre 1907: Ecouter « Iberia » d’Isaac Albeniz et mourir!

 Deux jeunes filles au piano (peinture de Pierre-Auguste Renoir)

Cela a du bon de travailler non loin du Président du Conseil et sous les ordres d’une hiérarchie principalement issue de la grande bourgeoisie parisienne. Cela me donne accès à des milieux que je ne pourrais côtoyer autrement.

Ainsi la princesse de Polignac qui soutient des musiciens merveilleux (Gabriel Fauré, Maurice Ravel, Erik Satie…), n’aurait normalement aucune chance de faire partie de mes relations habituelles… ce qui n’est pas le cas de mon chef, M. de B…, souvent invité dans sa maison rue Cortambert, dans le 16ème arrondissement. Moins amateur d’art et de musique que moi, il me cède souvent et volontiers son invitation et m’introduit à chaque fois qu’un concert (ou une répétition publique) est organisé par un petit mot que je présente lorsque je me rends à sa place sur les lieux.

Je suis actuellement séduit par la création -en cours – d' »Iberia » de M. Albeniz.

Musicien espagnol, dédaigné -nous dit-il – par son propre pays et de retour à Paris, il se lance actuellement dans l’écriture de cette oeuvre très originale.

Des rythmes endiablés et inventifs, des ruptures de mélodies, un tourbillon d’impressions…je peine à trouver mes mots pour qualifier cette musique chatoyante.

Par la magie de notes audacieuses, nous ne sommes plus dans notre Paris souvent gris et pluvieux mais dans cette Espagne que je ne connais pas mais que j’imagine chaude et colorée.

Nous suivons une procession religieuse puis nous arrêtons à un petit port de pêche, après avoir eu le temps de nous plonger dans une rêverie romantique; interrompue par une valse syncopée.

Blanche Selva La pianiste d’origine catalane Blanche Selva

Les musiciens qui nous font vibrer et répètent pour l’instant les premier et second livres d' »Iberia », sont des virtuoses hors pairs, notamment la pianiste Blanche Selva. La partition a la réputation d’être très difficile voire presque « injouable », pour reprendre l’expression d’Isaac Albeniz lui-même.

Mais au bout de ces efforts, quelle ivresse pour les auditeurs!

21 octobre 1907: La police prendra le train!

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C’est la triste conclusion à laquelle nous arrivons actuellement dans le cadre des arbitrages interministériels sur la création des futures brigades mobiles.

L’achat de véhicules est considéré comme trop risqué (les autos sont jugées comme peu fiables, pas assez robustes) et trop coûteux.

Le ministère des armées qui dirige la gendarmerie d’une part, la puissante et influente préfecture de police d’autre part, font valoir le fait que les futures brigades mobiles ne sauraient disposer de moyens qui ne seraient pas mis simultanément à la disposition de toutes les autres forces de sécurité. La jalousie, la ranceur  vis à vis de ce projet qui dérange les habitudes de beaucoup, est forte.

Une réunion au sein du ministère de l’intérieur pour bien caler notre stratégie face à ces oppositions plus fortes que ce qui était attendu nous conduit à revoir nos demandes à la baisse.

Nous renonçons donc aux moyens spéciaux en matière de transport. Nous demandons bien la création de brigades mobiles à la compétence territoriale plus étendue que les forces de police actuelles. Nous préconisons toujours qu’elles utilisent les dernières découvertes de la science. Mais nous renonçons à l’achat d’automobiles pour le moment.

Reste à espérer que les bandits et malfaiteurs feront le même choix budgétaire! Ceux qui vondront quitter précipitemment un département auront, espérons-le,  la « délicatesse » -vis à vis de nous -de le faire …en train!

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