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En réunion au ministère de l’Instruction publique, j’ai eu la chance de croiser Camille Sée. Ce dernier, à l’origine de la loi du 21 décembre 1880 sur les lycées et collèges de jeunes fille, continue, comme membre du Conseil d’Etat (il a abandonné la vie politique) à arpenter les couloirs de l’administration.
Je l’ai reconnu tout de suite et j’ai pu échanger quelques mots avec lui, en lui faisant sentir l’admiration que j’ai pour son oeuvre.
En effet, à un moment où l’école laïque est vivement attaquée dans « L’Echo de Paris » ou « Le Gaulois », notamment par M. Barrès, il est réconfortant de constater que les pionniers de notre enseignement, qui a formé en 25 ans toute une génération de français, sont toujours bien en vie.
Ainsi, ma fille Pauline pourra bénéficier, quand elle sera plus grande, d’un enseignement de qualité et peut-être accéder à des fonctions de professeur.
Camille Sée m’a dit qu’il regrettait que le contenu des enseignements était toujours différent, en 1907, entre filles et garçons. Il a raison, nous devrions évoluer sur cette question. Les filles ne sont pas forcément « condamnées » à rester, lorsqu’elles se marient, à la maison. Il convient dès lors de leur enseigner autre chose que les savoirs faire ménagers. J’ai conscience que je suis un peu seul à penser cela…et je ne montre pas l’exemple puisque mon épouse reste aussi à la maison.
M. Sée m’a aussi confié qu’il avait mal vécu les attaques féroces d’une certaine presse et de l’opposition (voire d’une partie de la majorité) lorsqu’il s’était battu pour la créatrion des internats féminins, seuls à même, selon lui, de garantir un accès réel des jeunes filles des milieux peu fortunés, aux lycées.
Je lui ai indiqué que je veillerai à souffler son nom pour qu’il participe à toute commission de réforme de l’enseignement qui pourrait se créer.
En guise de remerciement, il a pris mon nom et mon adresse, pour me faire parvenir le journal dont il est le dirigeant: « La Revue de l’Enseignement Secondaire des Jeunes Filles ». Je n’en demandais pas tant et je ne suis pas sûr de lire cette feuille avec l’attention qu’elle mérite!