Quand je lis la presse de ce soir, je ne sais quoi penser de nos alliés russes.
Le Premier ministre Stolypine semble avoir une fermeté propre à ramener le calme dans le pays qui ne déplairait pas à G. Clémenceau.
Les réformes agraires qui visent à faire émerger une classe importante de paysans aisés et propriétaires vont dans le bon sens. Le mot d’ordre du gouvernement – « il ne faut pas encourager les paresseux et les ivrognes mais les forts et les entreprenants » – a le mérite de la clarté.
Pour autant, je reste réservé par rapport à un ministère Stolypine qui semble sourd aux aspirations de la classe ouvrière et qui n’a guère de propositions à faire vis à vis de syndicats qui se renforcent et se radicalisent peu à peu.
Le contrôle étroit des partis révolutionnaires et des syndicats n’a d’avenir que si des lois sociales montrent, en contrepartie, au peuple, que le Salut peut aussi venir de la monarchie.
Ce qui me choque reste le sort réservé au parlement, la Douma, qui n’a rien d’une chambre libre depuis juin et ne comprend plus que des éléments conservateurs.
il n’y a donc pas de contrepoids au pouvoir de la police tsariste et le peuple n’est guère représenté pour le vote des lois.
Notre allié russe est loin des idées républicaines qui font maintenant l’objet d’un quasi consensus en France. Si de nouveaux troubles devaient éclater en Russie comme en 1905, notre pays aurait du mal à justifier, vis à vis de l’opinion, son soutien à un régime aussi autoritaire.