« Toutes les œuvres de mon époux devront quitter la France ! »
Nous sommes, avec ma femme, dans l’express Paris-Rome.
Le Paris-Rome Express est un train de la Compagnie internationale des Wagons-Lits
Plus de vingt heures de voyage qui laissent le temps de bien connaître les autres occupants du compartiment.
Au restaurant dans le Paris-Rome Express : nous nous faisons très rapidement des connaissances
Nous cheminons en face de Léontine Gruvelle, la veuve du peintre Guiseppe de Nittis, peintre italien génial, disparu prématurément à l’âge de 38 ans en 1884. Léontine a été son modèle, son égérie et son amante. Elle entretient à présent pieusement sa mémoire et veille sur toutes les toiles qui n’ont pas été vendues.
Giuseppe de Nittis : « Les Courses à Boulogne »
« Je souhaite qu’après ma mort, les Italiens et plus particulièrement les habitants de Barletta, sa ville natale, redécouvrent les tableaux de cette époque magique qu’avait sue saisir Guiseppe. »
« Epoque magique » : le mot clef est lâché.
Après avoir quitté la veuve de Nittis, nous découvrons Rome. Le mélange des époques -toutes effectivement plus magiques les unes et les autres – est saisissant. L’Antiquité, la Renaissance, l’Art moderne se concentrent et se fondent dans cet espace bienveillant, cette capitale immense qui a su garder des allures de ville de province où la vie reste douce.
La fontaine de Trevi
Immensité des églises à l’échelle de la foi vibrante du peuple, grandeur des monuments de Romains qui ont su conquérir le monde mais simplicité d’un moment passé à boire un cappuccino sur la Piazza Navona. Les siècles se mêlent entre eux dans un continuum esthétique, dans une recherche continue du beau et du sacré mais sont présentés par des Romains avenants, souriants et détendus. On parle avec force gestes, on met son discours en scène, roule des yeux, bombe le torse et ménage ses effets : au pied de ses chefs d’œuvres, le Romain aime plaire et se faire remarquer.
Nous ne l’écoutons déjà plus et nous partons, délibérément, nous perdre dans ces petites rues du Trastevere qui tournent et serpentent… à l’infini.
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Mon autre site : Il y a trois siècles
14 heures seulement pour faire Paris-Rome en 1910 ? Je suis un peu surpris, mais sans doute avez-vous vérifié.
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Olivier,
C’est Olivier qui vous le dit. Vous n’avez point tort!
En ce début de vingtième siècle on peut en 14 heures faire un Paris-Nice (Côte d’Azur-Rapide), mais pas encore un Paris-Rome, pour lequel il faut compter le double en temps de trajet.
Bye
Olivier Stable
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Pour le temps de trajet, je me suis appuyé sur la vitesse des trains en 1910… faute de pouvoir obtenir d’autres infos.
A la réflexion cependant, 14 heures paraissent court. Je modifie donc à 20 heures. Mais 28 heures me semblent aussi inexacts. Je n’ai pas trace du fait que l’on passait deux nuits dans ce train… Olivier, avez-vous une source sur ce sujet ?
L’auteur
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En fait j’ai trouvé des données de 1902 dans une publication touristique de l’époque. C’est pourquoi j’ai parlé de début de 20ème siècle.
On ne peut pas extrapoler les temps effectifs de transport ferroviaire à partir de la vitesse moyenne, car cette vitesse dépend en fait surtout de l’état des infrastructures, qui dans le cas de l’Italie n’étaient pas au niveau de la France. Alors que dans notre pays la vitesse moyenne tournait généralement avant-guerre (la 1ère) autour de 80-95 Km/H, en Italie les trains allaient plus lentement (60-70 KM/H voire moins). Ainsi en 1913 un Milan-Rome prenait 11 H 30 pour seulement 665 Km.
J’ai trouvé ces données dans un intéressant article de 1935 des Annales de Géographie, qui compare les performances techniques des trains entre 1913 et le début des années 30. Vous pouvez allez directement à la page 141 (tableau) pour les comparaisons.
LIEN
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1935_num_44_248_10844?_Prescripts_Search_isPortletOuvrage=false
« Les progrès de l’exploitation et de l’outillage ferroviaire »
Maurice Pardé
Annales de Géographie – 1935 – Vol.44 – n°248
Bye
Olivier Stable
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Selon les annales de géographie M. Pardé: Paris-Turin-Rome (1446 km) en 1913, en 25h05.
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Merci pour la précision. Je n’avais pas regardé tous les lignes du tableau.
25H. Le train en tout cas était encore le moyen le plus rapide pour aller de Paris à Rome malgré tous les efforts d’un Roland Garros par exemple (tient pourquoi lui d’ailleurs?), qui termina 2ème en 1911 d’une richement doté course aérienne Paris-Rome via Turin, on mettait quand même à l’époque pas loin de 100 heures pour joindre les 2 capitales par avion, il est vrai en trois étapes.
Bye
Olivier Stable
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