C’est maintenant certain. William Taft devient le 27ème président des Etats-Unis nous annonce le message télégraphique de notre ambassade à Washington.
Cette élection n’aura pas passionné les foules en Europe et en France. L’Amérique fait rêver mais reste loin de nos préoccupations. Collectivement, nous peinons encore à discerner le rôle que pourrait jouer cette nation dans notre monde actuel et futur. Nous sommes beaucoup plus attentifs à ce qui se passe dans les deux autres pays de la triple Entente : Angleterre et Russie. Les évolutions de l’Allemagne ou de l’Autriche-Hongrie, celles de nos colonies ou de l’Empire Ottoman, nous préoccupent plus que les USA.
Le nouveau président des Etats-Unis qui prendra ses fonctions dans quelques mois, pèse 170 kilos
Et puis, nous ne comprenons pas bien, non plus, le rôle exact d’un président américain. Notre France jacobine évalue mal les pouvoirs réels d’un chef d’Etat qui doit composer avec les Etats fédérés jaloux de leur indépendance, alors qu’en France, il « suffit » pour Clemenceau d’actionner les préfets s’il souhaite voir exécuter chacune ses volontés.
Le rôle important dévolu aux deux chambres américaines nous rappelle bien, pourtant, celui qui échoit à notre toute puissante Chambre. Mais Taft aura cette chance de ne pas pouvoir être renversé pendant quatre ans – le Sénat n’a pas ce pouvoir – alors que mon Patron risque sa tête à chaque vote d’ordre du jour.
Bref, les comparaisons ne nous aident pas à « sentir » cette élection et seuls quelques américanophiles, dont je fais parti, ont veillé pour savoir qui, de Taft ou Bryan, allait émerger de ce scrutin.
Clemenceau lui-même, qui a vécu Outre-Atlantique peu après la fin de ses études de médecine et s’est marié avec une Américaine, a quitté son bureau tard hier soir sans me dire un mot sur ce sujet.
Pour en avoir discuté avec lui ces derniers jours, je sais, tout au plus, qu’il a de la sympathie pour « l’énergique Theodore Roosevelt » et qu’il regrette que celui-ci ne se soit pas représenté. » Il vaut mieux avoir Taft que le populo et démagogue Bryan… mais franchement, ce secrétaire d’Etat à la guerre aura du mal à arriver à la cheville de Roosevelt « .
Le jour se lève sur Paris. Les Etats-Unis ont un nouveau président. Cela va faire quelques lignes dans les journaux du matin.
Bref, la France s’en moque.
il n’est pas vrait de dire que le président américain ne peut être renversé pendant ses 4 ans, la procédure d’impeachment est la pour ça. Si elle est rarement utilisé (menace pour Nixon, raté pour clinton, et utilisation pour Andrew johnson en 1868, qui ne sauvera sa tête que d’une seule voix au sénat), elle n’en est pas moins présente et servira à faire sauter un président qui ferait n’importe quoi, et pas qu’un président d’ailleurs, la procédure est valable pour tout fonctionnaire gouvernemental.
Au total elle a été utilisé 17 fois sur 60 lancements de procédures, et la culpabilité n’a été voté que 7 fois (sur des juges fédéraux)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Impeachment
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Cher Fix
Il y a certes la procédure d’empeachment…mais sans vouloir faire du droit constitutionnel comparé, la IIIème République est devenue, à cette époque (à la suite de la pratique instaurée par J. Grévy: constitution Grévy) un régime d’assemblée où l’executif peut être renversé à tout moment par la Chambre. C’est d’ailleurs ce qui se produit régulièrement (voir la longue liste des présidents du conseil de cette République).
Le régime américain est, lui, un régime présidentiel, avec, par définition, une stricte séparation des pouvoirs et une indépendance des pouvoirs entre eux (influencé, notamment, par la vision de Montesquieu). En principe, le parlement ne peut renverser l’exécutif et celui-ci ne peut dissoudre la Chambre. Il y a une exception: celle que vous citez, l’empeachement. Et comme vous le rappelez, elle n’est que rarement utilisée et j’ajoute qu’elle sert uniquement à sanctionner des manquements -estimés – graves de l’exécutif.
Merci pour ce petit débat.
L’auteur
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Ce fut un plaisir 😉
pour être tout à fait exact, quand j’ai envoyé mon commentaire je me suis trompé de formulation, j’aurais du mettre « il n’est pas tout à fait vrai de dire que » plutôt que « il n’est pas vrai de dire que »
cette formulation moins abrupte reflète plus ce que je voulais dire car sur le fond c’est effectivement un président plutôt indévissable, au contraire des chefs de gouvernement français de l’époque 🙂
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Taft… Qui ? Obama… Qui ? Dans cent ans…
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