» Victoire probable, sans ambiguïté et sans surprise des Républicains. » Ce sont les termes du télégramme de notre ambassade à Washington, billet envoyé par un attaché qui suit de très près les opérations de comptage des bulletins après les élections présidentielles du 3 novembre, Outre Atlantique.
Probable ? L’attaché a raison d’être un peu prudent. Le dépouillement des bulletins dans l’immense pays que sont les USA peut réserver quelques surprises. Il ne faut pas oublier en outre qu’un second vote, celui des grands électeurs, peut inverser ou amplifier les résultats issus du vote des citoyens.
Caricature des deux candidats en lice : le Républicain William H. Taft et le Démocrate William J. Bryan.
Pour autant, il est douteux que le Démocrate Bryan remonte son retard sur le Républicain Taft. Ce dernier reste porté par l’immense popularité de Theodore Roosevelt qui a choisi de ne pas se représenter et le soutient.
Les deux anciens avocats, les deux « Bill », ont fait chacun une belle campagne, ont serré des milliers de mains et prononcé des centaines de discours. Pour le Démocrate, cela ne suffit pas. Il n’est majoritaire que dans les Etats du Sud, moins peuplés que ceux du Nord. Son pacifisme, son anti-impérialisme n’entre pas complètement en résonnance avec une Amérique qui découvre avec fierté sa puissance économique et militaire, une Amérique qui a décidé de peser de plus en plus lourd sur la scène internationale.
William J. Bryan serait battu pour la troisième fois
Son opposition aux thèses scientifiques de l’évolution (théories de Darwin) lui aliène les milieux intellectuels des grandes universités du Nord et fait sourire bon nombre de leaders d’opinion des Etats industriels.
La campagne de Bryan a été dynamique mais n’a pu inverser la tendance
En face, Taft, secrétaire d’Etat à la guerre, rompu aux négociations internationales, rassure. C’est l’homme d’expérience qui peut prendre la tête du pays sans mauvaises surprises.
L’orientation sociale qu’a su donner Roosevelt à son mandat garantit à son « poulain » Taft le vote d’une fraction importante des classes populaires.
William H. Taft succèdera donc à T. Roosevelt
Alors combien de voix d’écart ? L’attaché d’ambassade se risque à pronostiquer une majorité de 51 % des voix pour les Républicains et un écart de 6 ou 7 points avec les Démocrates qui plafonneraient à 43 ou 44 % , le reste des suffrages s’éparpillant entre les « petits » candidats (le socialiste Debs, le partisan de la prohibition Chafin…).
L’Amérique reste donc profondément républicaine et William Taft s’apprête donc à prendre la difficile succession d’un Président Roosevelt très aimé.
J’aimerais féliciter l’auteur de ce blog, qui fait réellement du très beau travail. Son idée est originale et montre que l’histoire peut apporter des perspectives très stimulantes sur l’actualité. En tant qu’historien, je salue ce travail intéressant!
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