13 février 1909 : Anaïs, flagellée en place publique

Anaïs Cartier a la réputation d’avoir des moeurs faciles. Les hommes de la petite bourgade de l’Isère dans l’arrondissement de Grenoble, où elle habite, viennent souvent la visiter. « On passe un bon moment avec elle, il faut pas s’gêner » s’exclament les ouvriers de l’usine du coin, « c’est toujours mieux qu’à la maison » complètent l’épicier et le boulanger, habitués des lieux.

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Grenoble et sa gare, dans les années 1900. Le drame d’Anaïs a lieu dans l’arrondissement de Grenoble, dans une bourgade proche de Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs

Ce soir de février, le rapport de la gendarmerie de Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, à laquelle la commune d’A. Cartier est rattachée, indique que les choses tournent au drame.

Il est six heures, la nuit est tombée. M. B. , commerçant père de famille, est en compagnie d’Anaïs. Ils sont dans une tenue qui montre que la visite ne relève plus de la seule courtoisie.

Soudain, la femme de M B. et ses trois grands fils, décident de se rendre chez Anaïs pour obtenir des explications. Trouvant une porte close, ils la défoncent avec leurs pioches. Le commerçant surpris s’enfuit pieds nus et en maillot dans la neige.

Les trois fils furieux envahissent la maison et se saisissent d’Anaïs. Ils la rouent de coups pendant de longues minutes, insensibles à ses cris de frayeur et de douleur. Puis, ils lui passent une corde au cou et la traînent dans les rues du village. Arrivés sur la place publique, ils la flagellent sans qu’aucun habitant n’intervienne.

L’infortunée créature est finalement abandonnée par ses bourreaux sur un tas de fumier. Elle regagne quelques instants plus tard son domicile poursuivie par les huées des femmes de la commune.

Le rapport de gendarmerie est arrivé jusqu’à mon bureau avec ce commentaire du préfet local :  » le moyen âge n’est pas terminé partout » .

7 commentaires sur “13 février 1909 : Anaïs, flagellée en place publique

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  1. Je reste glacé d’effroi au récit de ce drame. Mais confiance : les lumières de la raison commencent à peine à dissiper la nuit médiévale. Nous savons tous que notre vingtième siècle naissant a toutes les chances de voir s’éteindre définitivement la barbarie, en Europe d’abord, puis dans le Monde.

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  2. o tempora o mores ou quelle est la juste mesure pour juger des moeurs, des opinions, des goûts, des pratiques dans un monde révolu, dans « une petite bourgade de l’Isère » ? Mmmh… critique pas si facile et en même temps si confortable de notre point de vue. Cela étant, oui, un repère pour comparer avec les pratiques contemporaines d’autres civilisations.. bien que nous mêmes, n’avons nous pas mis 100 ans pour nous horrifier… ?

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  3. Les femmes entre elles sont terribles, is not it ? En fait, c’est, sous-jacente, la lutte pour imposer ses gènes, l’être étant programmé pour agir en tant que porteur des meilleurs pour l’espèce …

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