24 août 1908 : Renoir et Picasso, l’aile ou la cuisse ?

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Vollard par Renoir ; une cloison sépare sa cave de son magasin rue Laffitte à Paris

Le peintre reste fondamentalement solitaire. Une vision, une toile, des tubes de couleur, une main vive, habile, qui cherche à restituer ce qui n’est au début qu’une vision. Un oeil dilaté, concentré, une oreille qui se ferme au monde extérieur.

Le tableau permettra de renouer le contact … une fois achevé.

Le peintre appartient à la grande famille des artistes. Si son art s’exerce de façon individuelle, il se nourrit des échanges avec d’autres au préalable. Il capte des tendances, copie des gestes et surtout les transforme à sa façon. Il fait un miel original des idées du temps, reprend, recycle, des oeuvres qu’il admire. Il ne part pas de rien mais construit toujours.

Pour s’adosser aux autres, pour prendre des forces dans l’énergie de génies voisins, il faut des lieux de rencontres.

La cave du marchand d’art Ambroise Vollard appartient à ces lieux qui sont en passe de devenir mythiques.

Dans cet endroit humide, qui ne paie pas de mine mais sent bon le plat national de la Réunion – le cari de poulet – se pressent ou se sont pressés des convives prestigieux ou moins connus : Cézanne, Renoir, Forain, Degas, Redon, Picasso, Matisse, Vlaminck ou le Douanier Rousseau.

On boit, mange et parle gras. Les chants fusent et lorsque l’on entend les paroles parfois grivoises, on peine à croire que la fine fleur des artistes modernes soit ici réunie.

Un homme reste discret. Il couve et nourrit tout ce beau monde. Il fait le lien a priori impossible entre le monde irrationnel, intemporel et souvent anti-social des artistes et une société bourgeoise argentée qui veut bien de l’originalité dans l’art qu’elle achète mais sans être trop bousculée dans ses certitudes.

On le paie pour cela et on le paie bien; il devient riche et bientôt aussi célèbre que les peintres qu’il porte. Ambroise Vollard prend une place majeure dans notre Paris des arts et des lettres.

Tout part d’une cave qui sent bon le cari de poulet.

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