1er et 2 août 1908 : Syndicats et gouvernement : le torchon brûle

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Décision terrible du gouvernement : Victor Griffuelhes, Georges Yvetot et Emile Pouget, dirigeants de la CGT, ont été arrêtés aujourd’hui par les hommes de la préfecture de police.

Depuis le 2 mai dernier, la grève des carriers s’est poursuivie sur les communes de Villeneuve-Saint-Georges, Vigneux et Draveil. Mouvement social dur, on le sait, qui a fait déjà des morts.

27 juillet : une importante manifestation a lieu à Vigneux à la suite de l’arrêt des poursuites disciplinaires contre les gendarmes qui avaient tiré sur les grévistes début juin.

Le gouvernement envoie, une fois de plus, les cuirassiers et les dragons pour ramener le calme. A la suite de sabotages, les forces de l’ordre arrêtent cinq manifestants dont deux dirigeants syndicaux de la fédération du bâtiment, affiliée à la CGT.

30 juillet : foule trop agitée, soldats pas encore assez nombreux ? Cette fois-ci, l’affrontement dégénère complètement. Des barricades sont élevées dans Villeneuve-Saint-Georges. Les militaires mettent pied à terre et sortent leurs sabres. Ils reçoivent bientôt la consigne de charger. On relève immédiatement de nombreuses et horribles blessures chez les ouvriers.

Le sang qui commence à couler excite encore un peu plus les carriers et leurs soutiens syndicaux. L’irréparable commence. Des armes sont distribuées et des coups de feu claquent en direction des cuirassiers. Ces derniers ripostent et plusieurs salves entraînent le décès de quatre manifestants et plusieurs centaines de blessés.

Réunion de crise dans le bureau de G. Clemenceau aujourd’hui.

Le garde des sceaux Aristide Briand, réputé pour son sens du dialogue et ses bonnes relations avec la CGT, est rentré précipitamment de ses vacances en Bretagne. Il incarne la ligne « douce » dans le dialogue qui commence.

Il est rapidement mis en minorité. Le ministre de la Guerre Picquart qui déplore de nombreux blessés parmi ses gendarmes et ses dragons, plaide pour la fermeté. Il est rejoint par Caillaux (ministre des finances). Viviani, ministre du travail, se tait.

Clemenceau prononce des mots durs contre les leaders syndicaux et la CGT.

 » Il faut en finir, frapper à la tête. La situation à Draveil et Vigneux ne peut plus durer. Si nous ne sommes pas extrêmement fermes, le mouvement risque de s’étendre et dégénérer en grève générale. Le comité confédéral de la CGT veut ma perte. Tous mes informateurs me le rapportent. Il faut donc le décapiter avant qu’il ne puisse agir. Le gouvernement doit montrer qu’il ne reculera pas. Les frontières de la légalité sont franchies depuis longtemps par les chefs syndicaux. Nous avons aujourd’hui tous les arguments juridiques nécessaires pour procéder aux arrestations auxquelles je pense depuis longtemps.  »

Le débat porte ensuite sur les noms des personnes à incarcérer.

Victor Griffuelhes, secrétaire général de la CGT ? « Oui, il doit être neutralisé  » lâchent tous les participants à la réunion.

Georges Yvetot et Emile Pouget, autres dirigeants cégétistes, l’accompagneront en prison.

Briand, abasourdi par la gravité des décisions qui viennent de se prendre, se cabre soudain :  » Laissez au moins Latapie, secrétaire de la fédération de la métallurgie, en liberté ! Sinon, nous n’aurons plus aucun interlocuteur modéré pour dialoguer !  » Le garde des sceaux est blême. Clemenceau sent qu’il ne peut aller plus loin et fait confiance à Briand. Latapie sera épargné et je suis chargé de rentrer en contact avec lui pour examiner les voies d’un règlement de la situation.

La réunion est terminée. Les commissions rogatoires sont signées et le préfet de police réunit ses hommes pour organiser les arrestations.

Dans la foule parisienne, par le bouche à oreille,  circule alors ce jeu de mot : « Clemenceau engeôleur, Clemenceau engeôleur… « 

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