Tony Garnier, dessin pour une cité-jardin
Dans le cadre de mes fonctions, j’ai des rendez-vous avec beaucoup de gens avec pour mission de leur donner l’impression qu’ils ont été reçus par « quelqu’un de très important qui va confier au Président du Conseil, sur-le-champ, ce qu’il a entendu » . Mes interlocuteurs doivent croire que Clemenceau tenaient à les recevoir personnellement ; mais … voilà … un contretemps de dernière minute ….
Cela donne des entretiens amusants, passionnants ou pathétiques.
Aujourd’hui, nous étions dans le registre de l’amusant.
Tony Garnier. Son nom ne me disait rien et je savais juste qu’il venait d’être embauché comme architecte par la Ville de Lyon.
Il souhaitait être reçu » au plus haut niveau » . Un peu déçu au début que le plus haut niveau s’arrête à ma modeste personne, il a rapidement oublié qu’il n’avait pas un ministre face à lui, emporté qu’il était par sa passion pour l’architecture et ses projets de cités futuristes.
Et bien, notre Tony Garnier, il va nous changer notre société ! Fini les commissariats, les églises, les prisons ou les casernes … Dans les villes du demain qu’il imagine, l’Homme sera naturellement bon et pourra aller jusqu’au bout de sa personnalité, sans contraintes.
Les lieux de travail resteront soigneusement séparés des habitations. Celles-ci seront bordées d’arbres, d’espaces verdoyants et de vastes stades pour des sports pratiqués par tous.
Les véhicules circuleront sur des voies les séparant soigneusement des piétons, le cas échéant dans des souterrains. Des aéroplanes vont envahir les airs et permettront à chaque homme de rejoindre les autres dans des délais records.
Chaque citoyen pourra retrouver ses semblables au centre municipal où se prendront les décisions collectives comme dans une agora.
Le tout utilisera le béton armé qui permet des lignes pures et audacieuses pour chaque bâtiment.
Le calendrier sera rythmé par des fêtes et des cérémonies populaires dont les défilés franchiront les entrées monumentales de stades où des spectateurs joyeux célébreront une société réconciliée avec le bonheur.
Ah, ce Tony Garnier ! Je l’ai écouté jusqu’au bout. Sa fraîcheur m’a fait du bien. Cela change des attaques mesquines entre administrations ou des interpellations de parlementaires jaloux et ennemis du Patron.
Paix, sérénité et béton armé. Merci Monsieur Garnier !
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