2 février 1908 : Alfred Capus nous ennuie

 Alfred CapusA. Capus

 » On est volé à la Bourse comme on est tué à la guerre, par des gens qu’on ne voit pas » .

Quel dommage que le romancier et dramaturge Alfred Capus ne soit pas resté dans ce registre de l’humour et de l’optimisme amusé sur la vie.

Mais voilà, notre homme souhaite être élu à l’Académie Française ! 

Il nous inflige donc ce mois-ci une longue et ennuyeuse pièce destinée à asseoir une nouvelle réputation « d’homme de lettres ».

« Les Deux Hommes » , sa nouvelle création pour la Comédie-Française n’aura bientôt guère plus de spectateurs que ne le laisse entendre son titre. Répliques moralisatrices, acteurs médiocres ou vulgaires … hier soir, je ne regardais plus la scène mais comptais les rangées ou observais le pompier de l’entrée. J’évitais de consulter ma montre, l’aiguille des minutes y tournait tellement lentement !

La belle Julia Bartet, toujours fine et distinguée, apparaissait comme perdue dans ce cloaque.

Julia Bartet, portrait par Nadar.

Julia Bartet, sociétaire à la Comédie Française

Maurice de Féraudy assurait un service réduit au minimum légal, pressé de retourner à son succès bientôt international (mérité) :  » Les Affaires sont les Affaires » , d’Octave Mirbeau.

Alfred Capus a su, après avoir raté Polytechnique (il n’est pas le seul), et être sorti sans diplôme de l’Ecole des Mines , mener une carrière de journaliste, de romancier et d’homme de théâtre. Apprécié du grand public, salué par la presse, il était jusque-là considéré comme ne se prenant pas trop au sérieux.

Tout le monde à en tête ses multiples traits d’esprit et son amusante philosophie de la vie.

Lors d’assemblées auxquelles G. Clemenceau me demande de le représenter, je pense souvent à ce bon mot :

 » Certains hommes parlent pendant leur sommeil, il n’y a que les conférenciers pour parler pendant le sommeil des autres « .

Quant à mon épouse, non seulement elle n’a pas aimé la pièce d’hier soir mais, en plus, elle est rebutée par l’anti-féminisme, l’arrogance phallocrate de son auteur. C’est vrai qu’avec la phrase qui suit, il a fait très fort :

« Si une femme est jolie, ne lui dites pas qu’elle est jolie, parce qu’elle le sait ; dites-lui qu’elle est intelligente, parce qu’elle l’espère.  »

Bref, si Alfred Capus continue sur cette lancée, il perdra progressivement son public sans pour autant être sûr de devenir « Immortel ».

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