» Le Vampire » par Edvard Munch
Nous vivons à une époque paradoxale. Jamais les rapports humains n’ont été aussi policés. Jamais l’idée de paix n’a fait autant de progrès. Jamais les droits de chaque homme n’ont été aussi préservés par la Loi.
Pour autant, le monde de l’Art et des Lettres imagine des rapports humains bien barbares. Et le public en redemande !
J’en veux pour preuve les vampires et le mythe de Dracula. Ce comte roumain du XVème siècle ne se doutait sans doute pas de la célébrité qui allait être la sienne quatre siècles plus tard.
Pourquoi un tel succès du livre de Bram Stoker qui ne cesse d’être réédité depuis dix ans ?
Fascination pour les pouvoirs surnaturels ou attirance pour la transgression ?
Que ce soit dans le tableau de Munch ou celui de Burne-Jones, on ne peut qu’être frappé par le plaisir que semble prendre la victime du vampire et l’abandon dont elle fait preuve.
» Le Vampire » par Philip Burne-Jones
L’Angleterre tourne le dos à la pesante morale victorienne et entraîne le reste de l’Europe dans son sillage.
Je repense au livre du docteur Freud sur les rêves. Ces oeuvres d’art confirment son intuition : Le sexe et l’inconscient humain ne font pas forcément bon ménage avec une morale pudibonde. Et si l’homme ne peut réaliser ses désirs inavoués, il aura recours au rêve ou à l’oeuvre d’art.
Drôle d’époque:
On réclame plus de sergents de ville dans les rues, plus de protection contre tous les risques de la vie ; on s’efforce de faire preuve d’une politesse exquise dans les dîners.
Puis, quand on rentre chez soi, on se vautre dans ces histoires de sang et de perversité. On se délecte de ces images troublantes d’hommes soumis, de femmes offrant leur sang et de princes des ténèbres de l’âme humaine.
Deux possibilités:
– Nous traversons une époque paradoxale, qui pourrait changer un jour ;
– ou nous découvrons avec un peu d’effroi le « propre de l’homme », une partie obscure de nous-même, qui traversera les siècles ?
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