Les syndicats sont remontés comme des coucous. En quelques jours, la situation sociale du pays s’est tendue sans que nous ayons vu les choses venir.
Épisode 1 : Le congrès de la Cgt à Toulouse s’est soldé par une gifle envoyée à la tête du gouvernement. Rien ne trouve grâce aux yeux des leaders cégétistes. L’arbitrage obligatoire, la capacité civile proposée aux syndicats, les retraites ouvrières et le contrat collectif de travail se voient refusés en bloc. Les congressistes vocifèrent contre Briand, hurlent contre les ministres « vendus au patronat » et ricanent à chaque fois qu’un chef de file modéré tente de faire entendre sa voix.
Épisode 2 : Pour un franc cinquante refusé par leur compagnie, les ouvriers (coketiers et monteurs) des Chemins de fer du Nord ont commencé à débrayer. Pour l’instant, la circulation des trains n’est pas affectée mais on voit mal comment les motrices vont pouvoir acheminer longtemps des voyageurs si elles ne sont pas approvisionnées en charbon.
Le dépôt de la Plaine-St-Denis appartenant à la Compagnie des Chemins de fer du Nord
Épisode 3 : Je suis chargé, depuis hier, par Aristide Briand de faire le lien avec les autorités militaires pour que la grève ne s’étende pas. Le colonel du 5ème régiment du génie de Versailles ne cesse donc de m’indiquer, heure par heure, au téléphone, comment ses sapeurs, spécialisés dans les chemins de fer, prennent progressivement la place des grévistes au dépôts de la Chapelle et de la Plaine-Saint-Denis.
Épisode 4 : Réunion de crise, ce soir, place Beauvau. Les principaux ministres concernés examinent ensemble comment faire obstacle à un éventuel arrêt de travail généralisé des cheminots.
A suivre…
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Aristide Briand en « briseur de grève » et en plus grâce à l’armée!
Ses anciens amis socialistes ne vont une nouvelle fois certainement pas apprécier sa manière de faire.
Il en a fait du chemin ces dix dernières années, le camarade Aristide. Il semble vraiment loin en tout cas le temps où il se faisait le chantre de la Grève Générale au sein du parti socialiste français.
Discours de décembre 1899
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k67609n.image.f6
Il pourrait il est vrai, si l’on veut, se targuer d’une certaine continuité puisqu’il réprouvait plutôt alors les grèves partielles comme celle qui vient de commencer, vouées selon lui à l’échec du fait de l’isolement des ouvriers en lutte face au patronat et aux forces de l’ordre, préférant de loin la grève générale comme moyen d’action nécessaire pour déclencher la révolution.
Eh oui le Briand de 1900 aurait certainement été un orateur maximaliste fort applaudi au congrès de la CGT de 1910 et Griffuelhes lui-même ne lui aurait pas refuser l’accolade.
Bye
Olivier Stable
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MAIS EN 1910 ……………….IL Y A EU LES CRUES DE LA SEINE
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Cher Ruben , c’est bien le moment de se réveiller ! C’était en janvier :
http://ilyaunsiecle.blog.lemonde.fr/2010/01/26/26-janvier-1910-leau-monte-paris-barbote/
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Bonjour Olivier,
Une petite remarque de pure forme à la lecture de ton blog qui est vraiment et intéressant et passionnant.
En 1910 la quasi totalité des engins de traction sur les chemins de fer à voie normale sont des locomotives à vapeur.
La traction électrique a commencé à être utilisée sur les lignes du Métropolitain de Paris et sur certaines lignes à voie étroite, ainsi qu’à titre expérimental par capteur 3ème rail essentiellement en région parisienne par la Compagnie du Paris Orléans.
De ce fait, il est plus judicieux historiquement parlant de dire : « on voit mal comment les locomotives.. » et non les « motrices », ce nom étant utilisé soit pour les engins moteur du Métropolitain, soit pour les engins électriques qui en 1910 étaient très peu nombreux.
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