« Il faut reconnaître ce nouvel Etat ». La conclusion de ma note pour Aristide Briand est sans ambiguïté. Depuis le 31 mai, la province du Transvaal, celle du Cap, l’Etat libre d’Orange et le Natal forment un nouveau dominion qui affirme son indépendance relative par rapport à la couronne britannique. L’Union de l’Afrique du Sud est née. Elle apporte un heureux dénouement à une guerre qui fut celle de toutes les horreurs : la guerre des Boers.
Les Français se rappellent les descriptions dans la presse des sanglantes batailles entre forces britanniques et les colons boers d’origine hollandaise, allemande ou française. Des photographies horribles ont circulé montrant les atrocités commises de part et d’autre dans cette pointe sud de l’Afrique, aux terres agricoles immenses, riche en or et en diamants.
On se rappelle notamment ce pauvre enfant mourant de faim dans un camp de prisonniers civils boers :
Le cœur des Français battait plutôt pour les combattants boers, qu’ils imaginaient volontiers comme des aventuriers des temps modernes secouant le joug anglais.
Maintenant est venu le temps de la réconciliation : un homme redoutablement intelligent prend le pouvoir : Louis Botha. L’ancien général boer présente ce jour son programme au parlement du Cap. Ses maîtres mots : cohabitation pacifique entre les ennemis d’hier, respect des langues (l’anglais d’une part et l’afrikaans des Boers d’autre part) et des traditions des uns et des autres. Alliance loyale avec l’Empire britannique mais indépendance de fait.
La France s’apprête à apporter son soutien à cette ambition.
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