28 juin 1910 : Stravinsky, le mince qui va vite

L’homme est mince voire fluet. De fortes lunettes de myope. Il paraît un peu écrasé par la présence et la carrure puissante de son impresario Serge de Diaghilev qui ne le quitte plus. Igor Stravinsky parle doucement, d’une voix bien timbrée. Il raconte sa courte vie d’homme de 27 ans déjà couvert de gloire alors que son arrivée à Paris ne date que de quelques mois. Le succès de l’Oiseau de Feu donne des ailes à ce jeune compositeur qui n’est que d’apparence timide.

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Les journalistes l’interrogent :

Non, il n’a pas fait le conservatoire et a préféré apprendre l’orchestration auprès de Rimski-Korsakov.

Oui, il est juriste de formation mais s’est ennuyé à mourir en faculté de droit de Saint-Pétersbourg, ville où il a grandi.

Stravinsky se laisse aller à parler de ses parents, musiciens connus dans la capitale russe : un père chanteur d’opéra, une mère excellente pianiste.

Mis en confiance, il explique qu’il a appris beaucoup par lui-même (l’harmonie et le contrepoint) même si Rimski-Korsakov a été un maître lui montrant l’exemple par des leçons particulières très stimulantes.

Il parle vite (son français se révèle impeccable), réfléchit vite et compose tout aussi rapidement. En quelques mois, l’oiseau de Feu a été bouclé et sa réalisation n’a aucun des défauts habituels des œuvres de jeunesse.

Je m’approche et demande à ce compositeur qui semble aimer la synthèse, de décrire ce qu’il imagine être son avenir avec le public français. Il me répond, droit dans les yeux et concentré :

«  Me renouveler, surprendre et ne jamais lasser ».

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Tamara Karsavina danse dans « L’Oiseau de Feu », un ballet dont la musique est de Stravinsky

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