Des philologues mènent actuellement une expérience intéressante. Ils enregistrent sur un phonographe tous les patois parlés en France. Sans parler des véritables langues que sont le breton ou le basque, ce sont une trentaine d’idiomes qui vont être fixés sur un support solide avant que l’intensification des modes de communications ne conduise à leur progressive et regrettable disparition.
La démarche se révèle beaucoup plus ambitieuse et intéressante que celle qui avait été demandée aux préfets il y a cent ans. Ces derniers avaient dû traduire dans le patois de leur région la simple phrase » un homme avait deux fils ». Ce qui avait donné « ou sartin zoumou ave deu gaçon » dans l’Ain, « ou n’oum avo deu s’afan » dans les Ardennes, « in homme avait deux fail » en Charentes, » un onome obiou dous effons » dans l’Aveyron etc…
Les transcriptions, réalisées par les zélés fonctionnaires étaient approximatives et la véritable sonorité de chaque phrase se perdait dans la transcription écrite.
Ce sont cette fois-ci des conversations entières qui vont pouvoir être conservées et on redécouvrira que les patois sont souvent beaucoup plus riches, pour les mots dont les locaux ont besoin, que le français courant. En Franche-Comté par exemple, une bête affaiblie ou malade se traduit de multiples façons : une équevolette est une vache qui a la queue coupée, un dsoradot, un boeuf avec des grosseurs, un ajoumi, un boeuf qui a trop mangé, un airot, une bête qui n’engraisse pas, une grésille, une vache qui se révèle une mauvaise acquisition.
Quand je rentre d’une séance de nuit au Sénat et que je traverse le Jardin du Luxembourg, j’entends parfois une nourrice qui chante une berceuse en Auvergnat (j’ai quelques origines de là-bas):
« Som, som, beni, beni
L’efontou bou pas durmi »
Ce chant souvent entendu pendant mon enfance me fait tressaillir à chaque fois et me réconforte en profondeur. C’est comme si un peu de ma terre familiale se transportait jusqu’à Paris. D’un seul coup, la fatigue s’efface et je repars en sifflotant, oubliant toutes les paroles assassines des parlementaires qui s’expriment dans un parisien impeccable.
Et lé patois de ch’Nord ?
Un homme a popularisé celui de la région des mines (Valenciennes-Denain), le Rouchi. Il s’agit de Jules Mousseron, poète et mineur. Il a créé le personnage de Cafougnette en 1899 et a joué ses nombreux poèmes en patois sur toutes les scènes de France et, entre autres, à l’Opéra Comique à Paris. Le Président de l’époque, Casimir Perrier, lui a même rendu une visite officiel !
Sur Jules Mousseron : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Mousseron
Sur Cafougnette : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cafougnette
Il aurait très bien pu vous rencontrer cher monsieur dont je ne me lasse pas de lire les écrits pour vous entretenir sur la situation des mineurs et l’art de la poésie en patois…
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le catalan est une langue, elle est parlée a l’ONU
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@ garmont :
ça veut dire quoi « le catalan » ? Le dialecte de Barcelone ? celui de Perpignan ? Celui des Baléares ?
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Article paradoxal.
Il me semble que c’est justement vos gouvernements qui incitent à la disparition de ces langues et des patois. En effet, nul besoin d’une intensification des modes de communications pour les faire disparaître, les humiliations quotidiennes subies par des élèves parlant le patois de la part de leur professeur sont suffisantes…
C’est en vérité surtout les institutions de la république qui souhaitent voir disparaître les idiomes, toujours cette idée d’unifier la France. A votre époque près d’un Français sur deux est bilingue… Mais cela était alors considéré comme un désavantage !
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Et alors, Monsieur Le Tigre, quid de cette opération ? A-t-elle réellement été menée à bien ? A une large échelle ? En possède-t-on toujours les résultats, comme pour les émouvantes et passionnantes « Voix ensevelies » de l’Opéra ?
Vous pouvez entendre celles-ci à cette adresse :
http://expositions.bnf.fr/voix/index.htm
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Chère Marnie
Laissez l’Histoire se dérouler, au jour le jour, tranquillement …
J’ignore totalement de quoi demain sera fait.
Amicalement
Olivier le Tigre
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Excusez ma hâte, mais tout cela est tellement passionnant !
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