Petite pause autour d’une très belle oeuvre datant d’une quinzaine d’années. Regardons la bien, elle repartira bientôt chez un riche collectionneur américain.
Odilon Redon a réalisé ce pastel en hommage à l’héroïne d’un conte indien, Sita. Enlevée par le démoniaque Lanka, elle laisse des traces de son lieu d’enlèvement à son époux Rama. Prisonnière dans le ciel, elle se dépouille de ses vêtements et bijoux pour laisser des indices du lieu où elle est retenue prisonnière.
On retrouve dans cette toile des thèmes que le public affectionne de plus en plus: Le rêve, la beauté mystérieuse, l’allusion à une mythologie exotique.
Le bleu lumineux et chatoyant enveloppe et met en valeur, comme un écrin, la belle Sita. La pluie d’or qui se verse vers le sol guidera son amoureux qu’elle ne peut encore apercevoir.
Son regard est voilé d’une tristesse indéfinissable ou marque une douleur muette. Son visage, très régulier mais finalement assez ferme, lui donne un caractère androgyne.
Aussi, cette tête n’est-elle pas aussi celle de son époux? Les deux visages seraient ainsi symboliquement et inextricablement mêlés, signe d’un amour fou que l’ignoble Lanka ne peut défaire.
Par le rêve, les deux époux se rejoignent, se fondent l’un dans l’autre et laissent le « mal » disparaître dans les montagnes, au loin, gagnées par la brume humide, silencieuse et froide.
Odilon Redon, l’un des peintres fétiches des marchands de tableaux Vollard et Durand Ruel, a réalisé une oeuvre dont la cote n’a pas fini de grimper.
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