27 septembre 1910 : Charles de Gaulle m’écrit

La lettre de Charles de Gaulle m’a fait plaisir. J’avais un peu oublié ce grand jeune homme que j’avais poussé en son temps vers la carrière des armes. Il a réussi Saint-Cyr l’an dernier et termine sa première année qui doit forcément se dérouler en régiment comme soldat. Affecté à Arras, au 33ème régiment d’infanterie (il a refusé que je m’occupe de son affectation), il m’écrit de la « Coopérative » de son Quartier, dans la salle réservé aux épistoliers.

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Le 33ème régiment d’infanterie a un passé napoléonien prestigieux. Voilà à quoi aurait ressemblé Charles de Gaulle (caporal en avril 1910), s’il avait été incorporé 100 ans plus tôt !

Sur le papier à en tête, s’affichent les batailles prestigieuses auxquelles a pris part son régiment : Wagram, Austerlitz, La Moskova… La réalité de 1910 se révèle mois exaltante : Charles me parle de marches de vingt-quatre kilomètres ou plus (il semble tout content que son lourd sac de lui fasse pas mal, lui, le géant trop mince), du mauvais temps, de la boue des chemins, des vêtements à nettoyer, de l’art de commander la troupe dans les bois ou de sorties au café avec ses amis parisiens…

Heureusement, il continue à faire travailler son intelligence lumineuse : il vient d’enchaîner avec brio l’examen pour devenir caporal (nommé en avril) à celui donnant accès au grade de sergent (il reçoit ses galons ce mois-ci). En outre, il a donné une conférence devant tout son bataillon et ses talents d’orateur lui ont valu un petit succès.

En octobre, retour en région parisienne, pour l’incorporation à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr.

En fin de lettre, se rappelant que je suis officier de réserve (je n’ai pas dépassé le grade de lieutenant du génie), il me demande, respectueux, s’il doit m’appeler « mon lieutenant ». Je lui réponds dans une courte missive, qu’une telle appellation que je n’ai pas entendue depuis vingt ans en ce qui me concerne, me ferait rire. Je lui donne trois autres choix : « Monsieur le conseiller » s’il veut garder une distance, « Monsieur » s’il le souhaite, « Olivier » lui étant ouvert aussi. En retour, je lui indique que je continuerai à l’appeler « Charles » mais je lui promets que s’il atteint le plus haut grade militaire, je lui donnerai bien entendu du « Mon général ».

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Charles de Gaulle entrera à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en octobre 1910

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