16 septembre 1910 : Argent et politique, mélange trouble

Sale et embêtante affaire. Vous rappelez-vous le sieur Henri Rochette ? « Banquier » aussi habile que véreux. Aux débuts des années 1900, il se proposait de placer vos économies, versait des intérêts mirobolants et savait s’attirer des amitiés aussi nombreuses que bien placées.

En 1908, patatra : tout s’est écroulé car tout cela reposait sur du sable. Le système Rochette ne tenait en fait qu’avec l’arrivée continuelle de nouveaux épargnants, avec la confiance des anciens qui ne devaient pas retirer leurs économies et surtout avec une comptabilité truquée doublée de montages financiers opaques. Le résultat est connu : des millions de francs évaporés, des centaines de petits porteurs ruinés, des personnalités en vue (parlementaires, hauts fonctionnaires, industriels…) éclaboussées par le scandale et accusées d’avoir fermé les yeux sur Rochette et ses combines.


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L’affaire Rochette déborde largement du Palais de Justice

Clemenceau a tout de suite senti que cette triste histoire risquait d’avoir des répercutions jusqu’aux plus hauts niveaux de l’État. Il a donc convoqué le préfet Lépine en lui demandant de trouver un plaignant pour que des poursuites soient engagées.

Si je vous raconte tout cela, c’est qu’une partie de la presse et des députés se déchaîne, ces temps-ci, en prétendant que les dirigeants des années 1908 et 1909 ont poursuivi Rochette pour ruiner ceux qui lui faisaient confiance et étaient souvent dans l’opposition. Ce serait en fait un sombre règlement de compte politique. On cite Lépine et surtout Clemenceau.

Briand m’a convoqué pour me demander ce que je comptais faire compte tenu du fait que je suis le seul membre de son cabinet à avoir servi sous le Tigre.

J’ai donc proposé d’envoyer un télégramme pour prévenir mon ex-patron qui continue sa tournée de conférences en Amérique du Sud.

A la réflexion, un télégramme ne changera pas grand-chose et on imagine mal Clemenceau écourter son voyage pour répondre à ces attaques nauséabondes. Les parlementaires haineux qui veulent salir l’ancien premier flic de France devront attendre son retour.

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