Trains en retard, wagons bondés, chauffage inexistant, saleté des gares, grèves fréquentes : les récriminations des banlieusards commencent à inquiéter le Président du Conseil. Il n’est pas rare qu’une succession d’incidents dans un grande gare parisienne se finisse par un début d’émeute, les agents des compagnies de transports faisant les frais d’un véritable ras le bol collectif. Coups de cannes ou de parapluies, poings tendus vengeurs, insultes : les habitants de Seine-et-Oise ne savent plus comment se faire entendre autrement que par des violences qui surprennent de la part de messieurs et dames bien mis, employés de bureau modèles ou fonctionnaires zélés.
La presse n’hésite pas à brocarder la politique du gouvernement qui semble faire plus de cas des liaisons entre modestes sous-préfectures de départements ruraux aux élus puissants (mise en œuvre du plan Freyssinet) que des lignes trop chargées de la région parisienne.
Vu de l’intérieur, le réseau de l’État, récemment augmenté par le rachat de la Compagnie de l’Ouest ainsi que les autres grandes compagnies privées, ne payent pas de mine. Déficits récurrents, climat social détestable, sous investissements chroniques qui conduisent à des entorses graves aux règles de sécurité, le dossier des transports ferroviaires est devenu pourri.
Tous les trois à six mois, un déraillement ou une collision viennent rappeler que la situation est non seulement grave mais aussi explosive.
Que fait-on face à cela ? On navigue à vue. Chaque catastrophe conduit à remplacer tel ou tel responsable brusquement chargé de tous les maux. On annonce l’ouverture de lignes de crédits supplémentaires… que la rue de Rivoli annule discrètement ensuite, dès que la presse a le dos tourné.
Le ministre, quant à lui, essaie de se faire bien voir des syndicalistes. Flatter l’un, tenter d’acheter l’autre, menacer le troisième, pourvu que la grève soit évitée.
En attendant, chacun rêve d’acheter une automobile. Place de la Concorde, six heures de l’après-midi, cela roule encore très bien.
La Place Vendôme où on roule aussi bien que Place de la Concorde !
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Dans toutes les (bonnes) librairies :
“Il y a 100 ans. 1910″
Bonjour,
j’aime bcp votre blog qui est dans mes favoris. Mais, sauf erreur de ma part, la photo illustrant l’article représente la place Vendôme et non la place de la Concorde.
Cela peut arriver à tout le monde. Continuez !
Cordialement
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Place Vendôme (charmante ville du Loir et Cher) aussi ça roule bien !
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Parlait-on de « ras le bol » en 1910?
Je crois qu’il s’agit ici d’un anachronisme de langue.
En revanche, j’apprécie beaucoup cette chronique.
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A priori, « ras le bol » existait déjà en 1910… mais je n’arrive pas à retrouver l’origine de l’expression. Le Robert est muet sur cette question.
L’auteur
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L’histoire se répète…
A l’autre vent.
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Bonjour :
Ça vaut ce que vaut une recherche sur google, mais :
http://www.mon-expression.info/en-avoir-ras-le-bol
http://www.chilton.com/paq/archive/PAQ-00-199.html
http://www.expressio.fr/expressions/avoir-du-cul-avoir-du-pot-avoir-du-bol.php
En résumé : « bol » désigne d’abord un récipient, puis en argot le « cul » à partir des années 1870, et c’est dans les mêmes années que l’expression « ras le bol » apparait. Mais elle ne devient vraiment familière que dans les années 1960, avec l’expression du « ras le bol général ».
Donc à la fois anachronisme… et à la fois pas :).
Bravo pour vos chroniques, toujours passionnantes !
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Bonjour :
Ça vaut ce que vaut une recherche sur google, mais :
http://www.mon-expression.info/en-avoir-ras-le-bol
http://www.chilton.com/paq/archive/PAQ-00-199.html
http://www.expressio.fr/expressions/avoir-du-cul-avoir-du-pot-avoir-du-bol.php
En résumé : « bol » désigne d’abord un récipient, puis en argot le « cul » à partir des années 1870, et c’est dans les mêmes années que l’expression « ras le bol » apparait. Mais elle ne devient vraiment familière que dans les années 1960, avec l’expression du « ras le bol général ».
Donc à la fois anachronisme… et à la fois pas :).
Bravo pour vos chroniques, toujours passionnantes !
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