3 février 1910 : L’abeille tueuse de Serbie

Tirer les ficelles, être celui par qui tout arrive même si on ne le voit jamais. Puissance occulte et génie de la manipulation au service d’un idéal, d’une idée fixe : la Grande Serbie.

Le colonel Dragutin Dimitrijevic dirige les services secrets de Belgrade.
L’assassinat de l’ancien souverain – incompétent – de son pays, Alexandre, qui s’était couvert de ridicule dans sa vie privée, c’est lui. La mise en place d’un réseau serré d’espions sur toute l’Europe, c’est aussi lui. La préparation de complots destinés à déstabiliser tous les pays qui s’opposent aux desseins de son nouveau roi, Pierre, c’est encore lui.

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Le colonel Dragutin Dimitrijevic, le discret mais puissant patron des services de renseignements de l’armée serbe

Coqueluche du nouveau régime, admiré des officiers les plus jeunes, craint des plus anciens, Dimitrijevic surveille tout ce qui se passe dans la sphère publique du royaume de Serbie et jette un oeil plus qu’indiscret sur la vie privée de ceux qui comptent.
Il conserve ainsi dans sa mémoire hors norme, tous les éléments susceptibles de se retourner contre ceux qui pourraient embarrasser Pierre 1er ou… lui-même.

Ses professeurs et ses condisciples à l’école d’officiers conservent le souvenir d’un élève aussi débordant d’énergie que précis et méticuleux. Ils l’avaient surnommé « Apis » , l’abeille, celui qui fait son miel de tout ce qui lui passe entre les mains avec un talent qui force l’admiration.
Pierrre 1er a parfois pensé à lui pour des fonctions de ministre ou de fonctionnaire de premier plan. Dans un demi-sourire et avec courtoisie, il refuse tout. Son grade de colonel lui évite les mondanités, son poste d’état-major et de patron du renseignement, en fait un officier bien plus puissant que la plupart des généraux qu’il ne prend plus la peine de saluer.

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Une rue de Belgrade en 1910

Apis caresse un rêve : faire assassiner l’empereur d’Autriche, François-Joseph. Par cet acte définitif, il mettrait un terme à la domination viennoise sur la région.
Que risque-t-il ? Dans tous les scenarii envisageables, il s’estime gagnant. Une réaction apeurée de l’Autriche-Hongrie bénéficierait aux Slaves du sud et les rapprocheraient d’une Serbie fédératrice. A l’inverse, une réponse musclée de Vienne renforcerait la position de l’armée à Belgrade et donc sa propre situation.

Conflit probable, guerre possible. Rien n’arrête le colonel Apis. « La Grande Serbie reste une belle idée qui mérite d’être trempée dans le sang. »

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