L’honneur d’un capitaine contre l’honneur de l’armée. L’Affaire Dreyfus a été l’occasion de réfléchir à la notion d’honneur dans notre France des années 1890, 1900.
Notre pays, comme les autres grandes nations occidentales, ne règle pas tout par le droit, loin de là. Une injure publique, une diffamation ou une attaque par voie de presse se lave les armes à la main et non dans un prétoire. On prend des témoins et non des avocats, on se rejoint un petit matin blême avec son adversaire dans le bois de Boulogne et non au Palais de justice de Paris.
Le duel Déroulède contre Clemenceau. Cet article est la suite de l’abécédaire sur notre époque commandé par le directeur du journal Le Temps
Le gentilhomme, l’homme politique, le médecin ou l’officier veille en permanence à préserver ce qu’il a de plus précieux : son honneur.
Toute remise en cause de celui-ci est quantifiée par des usages bien établis, permettant d’évaluer sa gravité et l’homme attaqué est tenu de se défendre en respectant des codes stricts s’il veut rester un homme du monde.
L’insulte dans un restaurant ne pèse pas aussi lourd qu’une attaque dans un grand journal, un comportement très inconvenant vis-à-vis de sa fille à marier conduira à une riposte plus vive qu’un bon mot à ses dépens à la tribune de la Chambre.
L’enfant apprend l’honneur auprès de son père, il sait qu’il s’est déjà battu en duel (pistolet ou épée, jusqu’au premier sang par exemple) et connaît les adversaires de celui-ci ou ceux qui pourraient le devenir.
Si les codes de l’honneur restent largement étrangers au droit, ils s’écartent aussi des intérêts diplomatiques. Fachoda, la crise de Tanger et les accords d’Algésiras s’interprètent autant comme des conflits puis des compromis politiques et économiques que comme des atteintes à l’honneur des peuples anglais, allemands ou français devant trouver une issue rétablissant ceux qui s’estiment outragés dans leur dignité.
Si, en 1909, l’homme lave, individuellement, son honneur les armes à la main, chaque peuple occidental est prêt à faire la guerre pour préserver celui-ci.
L’honneur fait disparaître le prix de la vie humaine, passe au dessus du droit et rend dérisoires les enjeux diplomatiques.
Les notions de justice et de bon sens s’effacent aussi devant les codes de l’honneur. Une femme violée reste, pour notre époque, une femme salie avant d’être une victime. Une fille mère est déconsidérée avant d’être aidée et son enfant part avec un lourd handicap dans la vie. Un capitaine Dreyfus innocent pèse moins lourd que l’honneur de l’armée.
L’honneur encadre la vie des bandes de voyous comme le fonctionnement secret des régiments ; il explique certaines alliances politiques à la Chambre comme la vie publique de nombreux villages ; il me dit à qui je dois parler et qui je dois fuir. Il est notre guide et notre capital, il se transmet comme un héritage, il se défend comme un précieux patrimoine.
Dans notre France de 1909, l’honneur est partout et dans une nation de petits commerçants, de rentiers, de paysans ou de fonctionnaires qui découvrent que tout s’achète et tout se vend, il continue à ne pas avoir de prix.
L honneur, la seul chose qu il nous reste lorsque l on a été dépossédé de tout.
Notion moraliste qui permet de juger les défailliances de notre systeme capitaliste.
L’honneur n est il pas aussi celui de savoir reconnaitre ses erreurs, l honneur de l’armée n est elle pas celle de ses soldats. Ansi l’armée n a t elle pas retrouvé son honneur lorsque Dreyfus à été réhabilité.
Honneur contre hypocrisie politiquement correcte, de tout temps un combat sauvage.
J’aimeJ’aime
Le duel se pratique toujours sous des formes discrète et non létales. Parfois même très éloignées de l’épée : des anglais utilisent le cricket (!).
J’aimeJ’aime
Donc en 1909 dans les pays d’Europe la bourgeoisie vivait encore sur la culture de l’ « honneur » et du duel. Mais déjà en 1840 le nord des Etats-Unis avait une vision toute différente, qui ne manquaitrt pas de surprendre les voyageurs d’Europe (Sans se douter que maintenant ce sont les moeurs de l’Europe du XIXème siècle qui nous paraissent barbares et exotiques !) :
http://www.ipernity.com/blog/r.platteau/174868
ipernity: Choc des civilisations, ou Les mœurs ça va ça vient
J’aimeJ’aime
Je suis assez sceptique sur la généralisation de l’interprétation des faits politiques par un code de l’honneur. Mais dommage, que ça ne soit pas le cas aujourd’hui ! Un président qui connaît un malaise lors d’un footing devrait peut-être, selon son honneur, démissionner ?
J’aimeJ’aime