13 avril 1909 : Ma femme accouche bientôt

Neuf mois, c’est long. Tous les désagréments de la grossesse et pas beaucoup de répit. Le bébé sera sans doute gros : l’aîné de mes enfants pesait déjà neuf livres. Mon épouse m’interpelle :  » je sens qu’il est déjà descendu. Mon chéri, vous êtes prêt à aller chercher le docteur Roger, le moment venu ?  »

corset-pour-femmes-enceintes.1239563758.gifUn corset pour femme enceinte

La chambre à coucher est déjà aménagée pour le grand jour. Le médecin doit avoir tout sous la main : bassines, eau pure, draps blancs, alcool, cuillères. Un lit a été spécialement dressé pour faciliter l’opération. La bonne se tient régulièrement informée des déplacements du docteur pour pouvoir le trouver rapidement dès que nous aurons besoin de lui. Ce dernier a déjà effectué deux visites à notre domicile pour vérifier que tout se passait bien et confirmer que ma femme n’ayant pas de bassin étroit et mère de deux enfants déjà devait envisager le moment de façon « sereine ». Mon épouse s’est exclamé, en entendant ce mot et se rappelant ses longues souffrances avant l’arrivée de Nicolas et de Pauline : « on voit bien que ce n’est pas vous qui accouchez !  »

Nous guettons les signes annonciateurs du grand moment : contractions… mais aussi, dit-on, frénésie de ménage (?!).

Un peu inquiet, je consulte les statistiques du ministère : seuls 5% des femmes meurent en couche. C’est beaucoup mais quatre fois moins qu’il y a cinquante ans. A priori, les ouvrières et celles qui mettent au monde leur enfant à l’hôpital sont beaucoup plus facilement victimes d’infections mortelles que les autres et dans ce cas, les chiffres montent à 20 %.

Notre appartement parisien et la présence d’un médecin protègeront donc plus facilement la maman et notre bébé. Il y a treize ans, à la naissance de l’aîné, nous n’avions pu payer que la sage femme. Chaleureuse (c’était une religieuse), efficace mais moins rassurante -pour moi – qu’un homme très diplômé sortant de l’académie de Paris.

Quand l’accouchement commencera, il faudra que j’attende patiemment dans la cuisine en tournant en rond. L’accès à la chambre à coucher me sera interdit et la bonne viendra régulièrement pour me donner des nouvelles.

Nous hésitons encore sur le prénom. Nous sommes très sensibles à la mode : Jean, André, Pierre ou Marcel si c’est un garçon, Marie, Jeanne ou Madeleine si c’est une fille. Ou alors, quelque chose de beaucoup plus original, comme pour ses parents (en ce début de XXème siècle, on compte très peu de Nathalie et d’Olivier). Mais là, chut, c’est un secret. Ce journal pourrait tomber entre les mains de nos proches qui brûlent de savoir !

 klimt.1239562666.jpg Gustav Klimt : L’Espoir

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