3 avril 1909 : La femme enfermée dans un coffre…

Le coffre porté par quatre esclaves est posé au sol. Ida Rubinstein se rêve ouvrant le couvercle doré, enveloppée de fins rubans qu’elle retire lentement devant des spectateurs suffoqués. Elle s’imagine, elle, la discrète et la timide, provoquer le scandale par cette danse d’un érotisme si nouveau devant une assistance parisienne friande de nouveautés.

ida-rubinstein2.1238691195.jpgida-rubinstein3.1238691301.jpg

Ida Rubinstein a seulement vingt-cinq ans et sa célébrité ne fait que croître

Son corps mince et souple se déhanche lentement ; ses bras longs, si longs, ondulent au-dessus de sa tête, les mains caressant des formes imaginaires. Son somptueux déshabillé blanc presque transparent dessiné par Bakst magnifie chacun de ses gestes. Elle est Cléopâtre, elle n’oublie pas qu’elle fut aussi Salomé au sept voiles. Elle se prépare au rôle de Saint Sébastien et s’imagine aussi en Shéhérazade plus tard.

Toujours sur scène, infatigable, dans des salles conquises par l’audace d’une chorégraphie inspirée des ballets russes et des danses orientales. Objet de spectacle et de désir d’un public qui occupe jusqu’au dernier fauteuil d’une salle du Châtelet surchauffée.

Ida Rubinstein reste dans ses songes où le poids n’existe pas et où le saut de félin des danseurs peut les porter sur des distances infinies. Le chant des choeurs porte chacun de ses pas en rythme, le regard fasciné des Parisiens la transcende littéralement.

Ida la jeune juive russe, héritière de la fortune de ses parents morts trop tôt, Ida élevée dans le luxe et le confort des appartements immenses de grande bourgeoisie de Saint Petersbourg, Ida l’admiratrice des écrivains, des poètes et des musiciens, aime se plonger dans un bain d’art et un océan créatif fait de mimes, de chants et de danses soutenus par un orchestre endiablé. Elle, l’enfant de riches, à laquelle tout a été donné, aime se mettre en danger avec une chorégraphie originale, difficile à exécuter.

Public français aujourd’hui, anglais, allemand ou américain demain, Ida qui pratique couramment toutes les grandes langues européennes, s’imagine voguant d’une rive de l’Atlantique ou de la Manche à l’autre, réunissant les cultures autour d’un même culte de la performance artistique.

Ida Rubinstein repense alors à cette phrase d’Alfred de Musset qui est sa devise quand elle est sur scène : « Quoi de plus léger qu’une plume? la poussière. De plus léger que la poussière? le vent. De plus léger que le vent ? la femme. De plus léger que la femme? Rien.  »

ida-rubinstein5.1238691843.jpg

Ida Rubinstein par Antonio de la Gandara : danseuse, égérie, elle se rêve un jour mécène

ida-rubinstein4.1238691712.jpg

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑