19 août 1908 : Cette France qui boit trop

L\\\\\\\'Ame du vin.jpg

« L’Ame du Vin » de Carlos Schwabe
Nos parlementaires ont un rapport difficile et complexe avec l’alcool…

« Car j’éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d’un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux. »

« L’Ame du Vin » de Baudelaire

Ces quelques vers de Baudelaire montrent bien toute la difficulté de faire la part des choses, en France, entre le vin, source d’un plaisir raffiné et la boisson à l’origine d’une part de l’alcoolisme.

Georges Clemenceau s’est exclamé devant des parlementaires du parti radical : « la question posée par l’usage et l’abus de l’alcool n’est autre que le problème social tout entier ».

En fait, avant de faire baisser la consommation de vin, produit culturel français par excellence, il faudrait d’abord s’attaquer à l’absinthe, alcool violent,  » qui rend fou « , comme le répètent les ligues anti-alcooliques qui demandent rendez-vous sur rendez-vous à mon Patron.

La plante d’absinthe provoque, selon les médecins, toujours très écoutés par Georges Clemenceau, des hallucinations voire des convulsions. Les ouvriers sortant de l’usine, les paysans après les travaux des champs, retiennent plutôt l’effet de bien-être, bienvenu après (pendant ?) une rude journée de travail. Cette sensation constitue pour eux un véritable piège et les fait sombrer dans une dépendance qui les diminue rapidement d’un point de vue physique.

Au delà de l’absinthe, il conviendrait aussi de surveiller le nombre croissant des débits de boissons et de supprimer le privilège des bouilleurs de cru.

Si les modalités de la lutte contre l’alcoolisme sont bien identifiées, l’adoption concrète des mesures se transforme, au fil des jours, en véritable parcours du combattant. Les viticulteurs ou les bouilleurs de cru ont de puissants relais à la Chambre et certains parlementaires ont même des intérêts dans les sociétés produisant de l’absinthe. Chaque proposition de loi est âprement débattue puis retirée, tout projet de décret génère une opposition puissante décourageant tout futur signataire.

Ainsi, l’or rouge (le vin fait la fortune du Bordelais), la fée verte -surnom de l’absinthe – ont encore de beaux jours devant eux avant qu’une véritable réglementation protégeant la santé de nos concitoyens voit le jour.

Oliva.jpg

Viktor Oliva :  » Le Buveur d’Absinthe « 

3 commentaires sur “19 août 1908 : Cette France qui boit trop

Ajouter un commentaire

  1. … Nos viticulteurs se meurent à petit feu, mais il nous reste encore le terroir à prévaloir en tant que « musée international de viticole » !

    PS: boire du vin français dans une canette ne me dérange en rien, voyons.

    J’aime

  2. Je suis fils d’un père qui avait une grosse dépendance à l’alcool.
    Je crois qu’il y a des séquelles héréditaires dont les médecins ont constatées des difficulés anormales dans l’attention et des troubles coordinations. Ce problème est aussi présent chez mes frères et soeurs.
    Il n’est pas présent chez les petits enfants.
    La consommation de vin n’a jamais partie de la culture française, elle a inroduite au 19 siècles comme une forme de réponse aux problèmes sociaux car toute drogue diminue les facultés de résistances, de volonté et d’endurance et rend l’esprit plus suggestif et rigide.
    J’ai l’impression que les drogues modernes ont remplacés la consommation d’alcool. A 17 ans, il était plus facile de trouver de la drogue dite abusivement douce que des livres que j’ai besoin pour progresser au lycée.

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :